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lundi 24 mars 2014

Manœuvres politiques

Les choses donnent l’impression de s’accélérer, mais seulement l’impression. Le tout nouveau Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU, cela rappelle-t-il quelque chose ?) rend public la composition de ses comités dirigeants. Visiblement on a essayé de mettre en «backoffice» les dirigeants politiques symboliques, surtout ceux de l’opposition «traditionnelle». Du coup, le gros de la troupe fait partie d’un sérail bien connu des Mauritaniens. Trois catégories de gens : 1. Quelques deux ou trois personnes qui ont toujours cherché à jouer les «indépendants» et qui bénéficient encore d’une certaine confiance dans les milieux intellectuels ; 2. Quelques-uns – un peu plus que les premiers – de cadres de partis ou syndicats partisans connus ; 3. La majorité est composée de caciques du PRDS, voire du PPM (parti du peuple mauritanien des années 70).
Il est vrai que la personnalité du président du FNDU peut faire passer le reste, mais il est impossible de ne pas remarquer la forte remontée sur la scène du groupe des «Kadihines», et qui n’en sont pas véritablement, mais c’est comme ça qu’on doit appeler tous ceux qui ont manœuvré la politique des décennies durant en manipulant les gouvernants…
Sitôt composé, la direction a tenu une conférence de presse au sortir de laquelle, le président Cheikh Sid’Ahmed Ould Babamine a été reçu par le Premier ministre pour discuter de la suite à donner au dialogue entamé individuellement avec les partis. L’avantage d’une telle rencontre, c’est qu’elle se déroule autour de propositions plus ou moins concrètes, en tout cas susceptibles d’être à la base d’un dialogue. C’est probablement le temps qui va manquer aux protagonistes.
En effet, nous sommes déjà à moins de trois mois du premier tour de la présidentielle. Les délais sont incompressibles parce qu’ils sont «constitutionnels». Il va falloir donc ne pas tergiverser et engager rapidement le processus. Il ne faut pas s’attarder sur les formes parce que le dialogue envisagé ne prendra jamais la forme de celui de 2011-2012. Ce renoncement à la forme doit s’accompagner de prédispositions à accepter d’abandonner les positions figées sur des questions qui n’apportent pas réellement un plus aux conditions renforçant la régularité du scrutin et la confiance de l’électeur.
Un gouvernement d’union ou d’ouverture (ou de consensus) n’a aucune incidence sur le processus électoral. C’est la CENI qu’il va falloir renforcer pour lui permettre d’exercer entièrement ses prérogatives. Faire attention à ne pas chercher vers un montage partisan car une CENI partisane comporte des risques alors qu’elle ne garantit aucune loyauté. L’expérience de 2009 nous enseigne là-dessus : quand le président de la CENI, proche du RFD, a démissionné, aucun des représentants de ce parti ne l’a suivi. A rappeler aussi qu’aucun des ministres des deux pôles de l’opposition n’a non plus démission quand leurs partis  ont dénoncé le déroulement des événements.

Reste à concevoir un package qui comprendra l’avant et l’après, y compris la dissolution du Parlement et des municipalités. Pour une fois, nos politiques doivent penser loin et agir vite. Ce sont là des qualités qu’il faut avoir en politique.

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