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mardi 18 mars 2014

Devant le PAP

Le but du voyage en Afrique du Sud était de participer à une session du Parlement panafricain (PAP, acronyme anglais) qui regroupe les 53 pays membres de l’Union Africaine. Le Président Ould Abdel Aziz devait, en tant que président de l’UA, partager les commémorations du dixième anniversaire de l’instance panafricaine. Ce qui explique la présence parmi la délégation de Mohamed Ould Boilil, le président de l’Assemblée nationale.
Composé de 265 députés représentant tout le continent à raison de cinq députés par pays, le PAP a tenu sa première session le 16 septembre 2004 en son siège situé à Midrand dans la banlieue de Johannesburg.
Première remarque, la présence très impressionnante des représentants de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) dont le Président Mohamed Abdel Aziz – c’est comme ça qu’on l’appelle pour éviter la confusion avec le nôtre auquel on accole le ‘Ould’ – devait prendre la parole pour accuser le Maroc de tous les maux, y compris celui de «trafic de drogue» (?). la première vice-présidente du PAP est une Sahraouie que mes compatriotes appellent Sweylma Mint Beyrouk et qui porte un nom officiel autre que celui-là. D’après tous, c’est elle qui est venue ici transmettre l’invitation du PAP au Président Ould Abdel Aziz qui devait ajouter : «Comme nous nous préparons pour le sommet UE-Afrique qui se tiendra le mois prochain, nous aimerions attirer l'attention sur l'accord de pêche conclu entre l'Union européenne et le Maroc. Cet accord qui implique les territoires sahraouis occupés en violation flagrante du droit international et l'opinion juridique du Sous-secrétaire général de l'ONU aux affaires juridiques. Pour cette raison, des mesures doivent être prises pour mettre fin au pillage des ressources naturelles africaines». De quoi poser problème aux Mauritaniens lors de ce sommet.
Yoweri Museveni a, dans son discours, longuement parlé de l’Afrique et de ses insuffisances, «ses faiblesses qui irritent la convoitise des autres». Faiblesses qui lui ont attiré les cycles de la traite négrière et de la colonisation. Avant de prendre comme exemple l’affaire de la Libye et le traitement qui en était fait par l’Occident. Il a rappelé comment «l’OTAN a refusé à six chefs d’Etats africains d’aller en Libye, en terre africaine pour négocier une solution à la crise». Le Président ougandais faisait allusion ici à l’épisode qui a vu le Panel des chefs d’Etats africains dirigé par la Mauritanie à l’époque obligé par l’OTAN de reporter un voyage à Tripoli où ils devaient expliquer la solution «africaine» pour le conflit. Concluant que la situation actuelle en Libye nous en dit long sur les véritables intentions des pays occidentaux.
Jerry Rawlings, l’ancien président du Ghana, a lui aussi insisté sur les déséquilibres du Monde et sur la perception que l’on a de l’Afrique. Il a longuement expliqué le retard du continent et l’incapacité des pays qui le composent à sortir de l’arriération. «La mauvaise gouvernance, les guerres ethniques, le poids du passé…»
Dans son discours qui devait conclure les interventions officielles, le Président Ould Abdel Aziz a transmis les félicitations des dirigeants africains pour le «rôle central dans l’ancrage des valeurs de la démocratie et de la bonne gouvernance dans notre jeune continent».
 Ajoutant à l’adresse des parlementaires : «vous représentez, honorables membres du parlement, la face rayonnante d’une Afrique qui, dans la modernité, restaure les traditions ancestrales africaines de tolérance et de sérénité du débat, en vue de dégager une profonde vision permettant d’aboutir à des solutions appropriées aux problèmes posés».
Relevant les défis majeurs auxquels le continent fait face : terrorisme, crime organisé transfrontalier et conflits armés «sont autant de menaces pour la paix, la stabilité et la sécurité dans différentes zones de notre continent». Mais aussi, la pauvreté, le chômage, les endémies et l’insécurité alimentaire.
Les stratégies à mettre en œuvre pour faire face à ces défis, demandent un Parlement capable d’accompagner les gouvernements et de les contrôler. C’est ici qu’apparait la nécessité de renforcer le rôle du PAP qui atteindra sa maturité le jour où il commencera à légiférer.
Pour le moment, le Président Ould Abdel Aziz se contente de dire : «A l’Union Africaine dont mes frères Chefs d’Etat m’ont confié la présidence, on s’active à tous les niveaux en vue d’élaborer et de mettre en œuvre une vision globale permettant de réaliser une intégration économique continentale qui soit une base d’une vision politique, traduisant l’espoir de nos peuples dans une Afrique unique avec une seule voix».
Et de conclure : «La jeunesse africaine aspire à l’édification d’une Afrique unique avec une seule voix et à votre écoute».

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