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mardi 28 janvier 2014

Où va Messaoud ?

La désignation de Mohamed Ould Boilil, ancien ministre de l’intérieur, à la tête de la nouvelle Assemblée nationale n’attend plus que la réunion de la session extraordinaire de mercredi. Cette nomination/élection est le fruit d’une longue gestation qui exprime elle-même le manque de consensus autour de la question qui a dû être tranchée par le Président de la République. Reste à savoir ce qu’on fera de l’allié de circonstance qu’a été le Président Messaoud Ould Boulkheir.
Malgré toutes les dénégations de ses concurrents et toutes les tentatives de le dépasser, Messaoud Ould Boulkheir a encore le charisme nécessaire à paraître comme le leader incontestable de la cause haratine anti-esclavagiste. Son parcours plaide en faveur de cet homme qui a joué un rôle fondamental dans le refus de laisser les situations déraper. A chaque summum de crise et de tension, Ould Boulkheir a été celui qui a refusé l’acte ultime de rupture violente. Nonobstant toutes les accusations dont il a été l’objet. Si l’on ajoute à cette image d’homme de consensus qu’il s’est voulu forger avec plus ou moins de réussite, son expérience de président de l’Assemblée, on peut dire que l’homme politique a joué et gagné sur bien des tableaux. Preuve son score à la dernière présidentielle d’où il est sorti bon deuxième avec près de 19% des suffrages. On dira toujours que le score est celui du candidat du FNDD (front pour la défense de la démocratie qui réunissait anciens PRDS, soutiens du Président Sidi Ould Cheikh Abdallahi, nostalgiques de tous les régimes, ennemis de Ould Abdel Aziz…). Mais le tour de force de Ould Boulkheir aura été d’être le candidat de ceux qui l’ont diabolisé pendant longtemps, de l’élite arabe issue de l’Appareil du régime qu’il a le plus combattu, de quelques dignitaires (nouveaux et anciens)… Pour être bref, on consentira à Messaoud Ould Boulkheir le statut d’icône incontournable et inévitable malgré le dernier résultat de son parti aux élections législatives et municipales et malgré surtout la montée en puissance de jeunes leaders qui veulent plus ou moins ouvertement son éviction.
Le pouvoir actuel, tout comme la scène publique, a besoin de Ould Boulkheir pour «équilibrer», «temporiser», «faciliter» (c’est selon les interlocuteurs)… On dit qu’une grande Institution sera créée pour l’accueillir. Ceux qui le disent parlent d’un super ministère d’Etat qui prendrait les prérogatives et le rôle du Médiateur de la République, de celui du Commissaire aux Droits de l’Homme, de celui du président du Conseil économique et social, organe vers lequel seront transférées les agences de développement et d’insertion comme Tadamoune. Une sorte de mégastructure dont le rôle sera de capter toutes les problématiques des droits humains et de leur trouver solutions.
Si les tenants d’une telle thèse semblent sûrs de ce qu’ils disent, ils évitent de répondre à la question de savoir si oui ou non Messaoud fera alors partie de l’Exécutif. Auquel cas son parti APP ne rejoindra pas l’Institution de l’Opposition Démocratique. On ne répond pas non plus à la question de savoir comment faire avec la présidentielle dont l’échéance est toute proche. Est-ce que Ould Boulkheir va se présenter ? Si oui, comment éviter d’être comptable de ce que le pouvoir en place fait du moment que lui-même dirige une Institution de l’Exécutif ?

Quoi qu’il en soit, l’énigme autour de ce que sera Messaoud Ould Boulkheir dans les jours qui viennent, cette énigme cristallise de nombreuses interrogations.

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