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dimanche 5 janvier 2014

Commentateurs anonymes

Choisir de signer un texte par un pseudonyme procède simplement d’une attitude de lâcheté que peuvent expliquer l’absence de conviction (on ne croit pas à ce qu’on va dire) et/ou de courage (on craint d’afficher ses convictions). Dans les deux cas, il y a derrière, une couardise qui fait qu’on ne croit pas que ce qu’on va dire mérite d’être dit ou d’être défendu. Alors on se cache.
Quand on se cache derrière le pseudo, on croit pouvoir tout dire parce qu’on a l’impression d’avoir bravé les censeurs. On se met donc dans la peau de celui qui peut, qui fait, qui dit… juste le temps de caresser un clavier et d’appuyer sur un ou deux boutons.
Mais quelle valeur peut-on accorder à un texte signé par quelqu’un qui n’a pas le courage d’assumer ce qu’il affirme ? En signant avec un pseudo, l’individu révèle sa profonde nature d’affabulateur et de lâche. Deux «qualités» cultivées continuellement par nos internautes (une grande spécialité mauritanienne).
Au début de la prolifération des commentaires anonymes sur les sites, il était facile de comprendre que l’objectif n’était pas d’apporter une contribution à un débat (lequel ?), mais d’insulter, d’exacerber les haines. Au milieu des années 90, certains manipulateurs avaient trouvé une formule : en choisissant de signer avec des noms à forte connotation ethnique, régionale ou tribale, des noms qui donnaient une idée de l’origine de l’auteur. Pour insulter sans discernement, vilipender, diffamer… Objectif : exciter le sentiment de haine, faire en sorte qu’au sortir de la lecture on arrive à des conclusions genre «cela ne peut être qu’untel, les untel sont…» ou encore «ce pays est foutu, la démocratie et la liberté apportent le chao…». C’est au fond une forme de résistance au progrès, de refus de laisser les Mauritaniens se retrouver, de se parler les yeux dans les yeux et de panser certaines de leurs plaies profondes.
Rien ne se faisant par hasard, l’agressivité et la violence du ton des anonymes participent à la culture de la haine qui, aux yeux de ses «souteneurs», peut mener à une confrontation dans le pays. L’attitude à exciter chez le lecteur est celle de lui faire haïr «n’importe qui» et de le pousser à voir en «n’importe qui» une source de malheur, une incarnation du Mal. Tout est possible quand le but recherché est celui d’installer un climat malsain, fait d’aigreur et de méchancetés.

Le plus grave reste cependant, la décrédibilisation de la vérité en général, de l’écrit en particulier. A force d’aligner les incohérences, les fausses informations sur les uns et les autres, les insultes, les insanités…, on finit toujours par faire mal à ce qui fait le fondement de la démocratie : la liberté d’expression, le devoir de transparence et de vérité, l’exigence du respect d’autrui.

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