Certains
de mes amis m’ont reproché de faire état de quelques dissensions, consommées ou
à venir, au sein de l’Union des forces du progrès (UFP) suite à son choix de
boycotter les élections. Juste pour expliquer que j’exprime là une inquiétude
pour ce parti qui représente à mes yeux un cadre unitaire où une certaine idée
de la Mauritanie et de la politique a été entretenue pendant longtemps. J’ai
rarement été d’accord avec les dirigeants de l’UFP et leurs options mais je
leur reconnais (sans hésiter) qu’ils ont pu fonder un esprit et un creuset qui
reflétait quand même ce qu’est le pays et même peut-être (en partie quand même)
ce qu’il devait être.
Le
discours est un discours de gauche qu’aucun parti en Mauritanie n’a jamais pu
adopter comme l’a fait l’UFP (et ses pères spirituels). Cette perception
(satisfaisante) de l’UFP, les Mauritaniens l’expriment de différentes
manière : «Nous allons regretter Bedredine et Kadiata Malik Diallo dans
le Parlement», «Les vrais politiques, ce sont les gens du MND (mouvement
national démocratique qui a donné l’UFP)», «L’UFP est un parti élitiste qui
a pu asseoir une base à Moyte en plein Aftout, à Boghé en pleine Vallée…»…
Quand
vous entendez ces propos, dites-vous que c’est la manière d’apprécier ce parti
et son discours. Ce discours est aujourd’hui «perdu» dans le sens où on
l’entend plus. Il est perdu au sein d’une cacophonie faite de verbiages et
d’extrêmes. Et ce au moment où l’on en a le plus besoin.
Le
besoin de progrès dans la vision de la société, dans ses rapports, dans la
dynamique qui doit la diriger, ce besoin fait que les revendications sociales
égalitaires doivent être prises en compte par un discours unitaire rejetant
tout sectarisme et adoptant une attitude «progressiste» face aux choix
de société.
Contre
le fanatisme, nous avons besoin d’un esprit ouvert et tolérant. Contre
l’obscurantisme, nous avons besoin de Lumières (au sens de la philosophie des).
Contre le racisme, nous avons besoin de reconnaissance de nos différences.
Contre les égoïsmes, nous avons besoin de solidarité. Contre la confrontation
stérile et risquée, nous avons besoin d’alternative politique et sociale…
Analysons
les deux grandes mouvances qui occupent la scène et font débat : la
question négro-africaine et la question de l’esclavage. Quels discours
entendons-nous aujourd’hui ? Ceux de la haine, de l’exaspération des
frustrations et de l’intolérance. D’un autre côté ceux de la compromission et
du refus de reconnaitre les crimes commis, ceux qui continuent à l’être
(esclavage) etc. et au sein de chaque leadership de groupe, une situation qui
n’est pas stabilisée.
Entre
les négro-africains appartenant à la Majorité, ceux appartenant à l’AJD/MR de
Moktar Ibrahima Sarr et ceux de Touche pas à ma nationalité (TPMN) qui
l’emportera en terme de vision pour la Mauritanie de demain ?
Entre
les Haratines appartenant à la mouvance de Messaoud Ould Boulkheir, ceux
relevant de Mohamed Ould Bourbouç et ceux soutenant l’action de Birame Ould Dah
Ould Abdeidi, qui imposera sa méthode ?
Vous croyez que ces questions se posent dans un autre
parti que l’UFP ? C’est bien pour cela que l’absence de l’UFP inquiète.
C’est bien pour cela qu’elle est regrettée. C’est bien pour cela qu’elle
constitue une faute aux yeux de beaucoup, y compris du parti.