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vendredi 27 décembre 2013

Besoin de maturation

Certains de mes amis m’ont reproché de faire état de quelques dissensions, consommées ou à venir, au sein de l’Union des forces du progrès (UFP) suite à son choix de boycotter les élections. Juste pour expliquer que j’exprime là une inquiétude pour ce parti qui représente à mes yeux un cadre unitaire où une certaine idée de la Mauritanie et de la politique a été entretenue pendant longtemps. J’ai rarement été d’accord avec les dirigeants de l’UFP et leurs options mais je leur reconnais (sans hésiter) qu’ils ont pu fonder un esprit et un creuset qui reflétait quand même ce qu’est le pays et même peut-être (en partie quand même) ce qu’il devait être.
Le discours est un discours de gauche qu’aucun parti en Mauritanie n’a jamais pu adopter comme l’a fait l’UFP (et ses pères spirituels). Cette perception (satisfaisante) de l’UFP, les Mauritaniens l’expriment de différentes manière : «Nous allons regretter Bedredine et Kadiata Malik Diallo dans le Parlement», «Les vrais politiques, ce sont les gens du MND (mouvement national démocratique qui a donné l’UFP)», «L’UFP est un parti élitiste qui a pu asseoir une base à Moyte en plein Aftout, à Boghé en pleine Vallée…»…
Quand vous entendez ces propos, dites-vous que c’est la manière d’apprécier ce parti et son discours. Ce discours est aujourd’hui «perdu» dans le sens où on l’entend plus. Il est perdu au sein d’une cacophonie faite de verbiages et d’extrêmes. Et ce au moment où l’on en a le plus besoin.
Le besoin de progrès dans la vision de la société, dans ses rapports, dans la dynamique qui doit la diriger, ce besoin fait que les revendications sociales égalitaires doivent être prises en compte par un discours unitaire rejetant tout sectarisme et adoptant une attitude «progressiste» face aux choix de société.
Contre le fanatisme, nous avons besoin d’un esprit ouvert et tolérant. Contre l’obscurantisme, nous avons besoin de Lumières (au sens de la philosophie des). Contre le racisme, nous avons besoin de reconnaissance de nos différences. Contre les égoïsmes, nous avons besoin de solidarité. Contre la confrontation stérile et risquée, nous avons besoin d’alternative politique et sociale…
Analysons les deux grandes mouvances qui occupent la scène et font débat : la question négro-africaine et la question de l’esclavage. Quels discours entendons-nous aujourd’hui ? Ceux de la haine, de l’exaspération des frustrations et de l’intolérance. D’un autre côté ceux de la compromission et du refus de reconnaitre les crimes commis, ceux qui continuent à l’être (esclavage) etc. et au sein de chaque leadership de groupe, une situation qui n’est pas stabilisée.
Entre les négro-africains appartenant à la Majorité, ceux appartenant à l’AJD/MR de Moktar Ibrahima Sarr et ceux de Touche pas à ma nationalité (TPMN) qui l’emportera en terme de vision pour la Mauritanie de demain ?
Entre les Haratines appartenant à la mouvance de Messaoud Ould Boulkheir, ceux relevant de Mohamed Ould Bourbouç et ceux soutenant l’action de Birame Ould Dah Ould Abdeidi, qui imposera sa méthode ?
Vous croyez que ces questions se posent dans un autre parti que l’UFP ? C’est bien pour cela que l’absence de l’UFP inquiète. C’est bien pour cela qu’elle est regrettée. C’est bien pour cela qu’elle constitue une faute aux yeux de beaucoup, y compris du parti. 

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