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lundi 16 décembre 2013

La Tunisie à la recherche de la stabilité

«La Tunisie des frontières :Jihad et contrebande», c’est le titre du rapport de Crisis Group international consacré à l’évolution dans le pays du jasmin. Le rapport a été publié le 28 novembre dernier et ne traite de la situation tunisienne que l’aspect sécuritaire qui pèse sur l’avenir du pays et surtout sur celui du processus politique qui connait de multiples blocages.
«Bien que de faible intensité, indique le rapport, les attentats jihadistes augmentent à un rythme alarmant, choquant la population, alimentant les rumeurs les plus confuses, affaiblissant l’Etat et polarisant toujours davantage la scène politique. Coalition gouvernementale dominée par le parti islamiste An-Nahda et opposition séculariste se renvoient la balle et politisent la sécurité publique au lieu de contribuer à l’assurer.»
Le pourrissement de la scène politique et l’incapacité des acteurs à trouver un terrain d’entente font que la menace de l’insécurité est plus pesante sur l’avenir du pays que par le passé. La Tunisie n’avait pas fini de reprendre le souffle après la révolte de 2010/2011 qu’elle devait faire face déjà aux dangers venant de Libye où l’effondrement du pouvoir commençait à ouvrir la voie à toutes les dérives. Les zones frontalières devinrent rapidement un terreau de développement de la criminalité organisée. Cette économie de guerre, basée sur les trafics de tout genre, est venue se greffer sur un espace de pauvreté et de non droit. Ici, loin de la capitale et des autorités, s’est développée, depuis tout temps, une mentalité de sédition et de mise en réseau des activités illégales. Cela va du trafic de cigarettes et des produits de première nécessité, à celui de la drogue et des armes, et, pour faire le tour, le Jihad s’installe et encadre désormais toute l’activité.
Voilà pourquoi l’enjeu principal en Tunisie est d’abord celui de la restauration de l’autorité de l’Etat. La première conséquence de la révolte étant justement l’effondrement des structures étatiques.

Suit ensuite la nécessité de trouver un équilibre entre les extrêmes : d’une part les Salafistes (Jihadistes ou non) qui perturbent et déstabilisent la Nahda, parti islamiste plutôt moderniste ; d’autre part les tenants d’une laïcité qui frise l’athéisme et qui veulent imposer à la société tunisienne un modèle qui ne lui sied pas forcément, et qui, par leur action, parasite les revendications démocratiques et modernistes légitimes de la société tunisienne. Les premiers ne veulent pas entendre de la démocratie qu’ils assimilent à une hérésie. Les seconds instrumentalisent la peur développée face à l’Islam politique pour remettre en cause les résultats des urnes en obligeant la Nahda à renoncer au pouvoir. Les deux extrêmes se nourrissent l’un de l’autre. D’où le désordre actuel qui a abouti à la dissolution du gouvernement né des premières élections libres et à la suspension d’un processus politique qui aurait dû aboutir à la mise en œuvre d’un modèle tunisien. Nous en sommes là, trois ans après le déclenchement de ce que certains ont appelé pompeusement «la révolution du jasmin» et qui n’est déjà qu’un soubresaut d’une société qui se cherche en l’absence d’un éclairage que l’élite aurait dû fournir.