Quand l’Union pour la République (UPR), le parti qu’on dit «au pouvoir», avait fait ses choix pour
les candidatures, analystes et journalistes avaient promis sa chute. Au point
que l’opinion publique était plutôt préparée à une débâcle pour ce parti. Les «analystes» et «experts» ont alors rivalisé en prévisions catastrophiques pour l’UPR
qui se trouve «taclé» par ses propres
cadres et soutiens. Au premier rang de ceux-là, le Président de la République
Mohamed Ould Abdel Aziz qui aurait demandé à de nombreux prétendants de se
porter candidats dans les formations «satellites»
de l’UPR, notamment le parti des jeunes (Sursaut) et Al Karama. Ces
candidats n’hésitaient pas à affirmer que s’ils sont là, c’est bien par «la volonté du Président» qui les
soutient.
Cette
interférence visant à affaiblir l’UPR, est «consolidée»
par le comportement de certaines grosses pointures du pouvoir dont des ministres
qui n’ont pas hésité à soutenir des listes hors UPR. Que ce soit à Mederdra
(Trarza), Guérou (Assaba), Nouadhibou, Zouérate (Tiris Zemmour), Kobenni
(Hodh), Atar (Adrar)… partout l’UPR a dû livrer ses plus grandes batailles
contre «ses enfants». Combats déterminés,
l’objectif étant de faire couler «le
parti au pouvoir». L’argument essentiel développé par les rebelles est
toujours le même : «une instruction
du Président de la République». Ce qui ajoute à la confusion. On ne sait
plus qui est qui. Surtout si l’on y ajoute l’engagement réel de certaines
grandes figures «boycottistes»
derrière le parti des Jeunes (Sursaut) en Assaba, Tawaçoul au Trarza, l’UPR au
Brakna…
Mais
ce n’est pas la visibilité ni la lisibilité de l’espace politique qui nous
préoccupe ici, c’est plutôt le score de ce parti UPR qui a eu à faire face «aux gens d’en-haut et d’en bas», en plus
de ses supposés (et parfois réels) «mauvais
choix».
Les
premiers résultats le donnent gagnant dans la grande majorité des
circonscriptions électorales du pays. Il a déjà plus d’une quarantaine de
députés et il continue à engranger les succès électoraux partout en Mauritanie.
à part dans quelques mairies qui n’arrivent pas à la dizaine, il est présent
partout au second tour.
La
réussite de l’UPR a une explication bien sûr : héritage du PRDS (parti
républicain, démocratique et social au pouvoir à l’époque de Ould Taya), des
SEM (structures d’éducation des masses du temps de Ould Haidalla), du PPM
(parti du peuple mauritanien du temps du gouvernement civil des premières
années), l’UPR n’a eu aucun mal à profiter de l’ancrage tribal de ses structures.
Grâce à une «science» des équilibres
locaux, il a pu largement tiré son épingle du jeu. Et dans les localités où il
a été battu, c’est souvent parce qu’il a été «trahi» par les siens.