Les amis mauritaniens de l’anthropologue français Pierre
Bonte ont écrit :
«Pierre Bonte nous a
quittés ce lundi 4 juin 2013 à l’âge de 71 ans. C’est un grand ami de la Mauritanie et de beaucoup de
mauritaniens qui s’en va ainsi.
Eminent anthropologue, il était Directeur de recherche
émérite au Centre
national de la recherche scientifique (CNRS),
rattaché au Laboratoire d'Anthropologie sociale (EHESS/CNRS/Collège
de France, Paris).
Pierre Bonte a commencé sa carrière par deux terrains, chez les
Touaregs Kel Geres du Niger et les Maures de l'Adrar mauritanien. L'étude des Touaregs Kel Geres a donné lieu à une thèse
de 3e cycle soutenue
en 1970, alors que les travaux sur l'émirat maure de l'Adrar ont fait l'objet
d'un doctorat d'État soutenue en 1998.
Il doit son premier contact avec la Mauritanie à une étude entreprise
entre 1968 et 1971 sur l’environnement –soudain devenu inquiétant à la suite
des mouvements sociaux de mai 1968 à Zouerate -
de la société MIFERMA. Sa réflexion, alors marquée par l'anthropologie
marxiste, a porté sur la parenté, le travail et le nomadisme.
Sa
relation au monde maure devait s’élargir au fur et à mesure pour couvrir, en
plus de quarante ans d’intense activité,
toutes les dimensions de ce domaine. Il
est l’auteur de nombreuses publications
sur ces sociétés sahariennes ; cependant, son œuvre majeure à ce
niveau demeure sa monumentale thèse d’Etat sur l’Emirat de l’Adrar,
partiellement publiée sous le titre L’émirat de l’Adrar mauritanien, Harim,
compétition et protection dans une société tribale saharienne. (2008. Paris. Karthala.)
Au-delà – mais souvent à partir de - ce domaine, Pierre Bonte a
entrepris de multiples travaux sur les sociétés tribales. En 1991, il a coédité
avec Michel Izard aux Presses
universitaires de France, un ouvrage devenu de
référence, le Dictionnaire
de l'ethnologie et de l’anthropologie.
Au-delà
de son monumental travail scientifique, Pierre Bonte a noué de solides liens
affectifs avec les sociétés sahariennes en général et la société maure en
particulier. L’appartement qu’il partageait, au 12ème arrondissement
de Paris, avec sa compagne, l’anthropologue Anne-Marie Brisebarre reflétait
tout à fait cet attachement. Là, ce monde est fortement présent dans les rayons
de la bibliothèque, dans les multiples ustensiles et outils négligemment disposés
ça et là ; mais surtout par les multiples visiteurs qui en sont issus. Peu
de chercheurs travaillant sur le monde saharien n’ont pas été gentiment reçus
dans cet appartement ; beaucoup y
ont souvent trouvé généreux gîte et couvert.
Que son
âme repose en paix.
Qu’Anne-Marie
et toute la famille de Pierre trouvent
ici l’expression de notre sincère compassion.»