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mardi 5 novembre 2013

Pierre Bonte n’est plus

Les amis mauritaniens de l’anthropologue français Pierre Bonte ont écrit :
«Pierre Bonte nous a quittés ce lundi 4 juin 2013 à l’âge de 71 ans. C’est un grand ami de la Mauritanie et de beaucoup de mauritaniens qui s’en va ainsi.
Eminent anthropologue, il était  Directeur de recherche émérite au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), rattaché au Laboratoire d'Anthropologie sociale (EHESS/CNRS/Collège de France, Paris).
Pierre Bonte a commencé sa carrière par deux terrains, chez les Touaregs Kel Geres du Niger et les Maures de l'Adrar mauritanien. L'étude des Touaregs Kel Geres a donné lieu à une thèse de 3e cycle soutenue en 1970, alors que les travaux sur l'émirat maure de l'Adrar ont fait l'objet d'un doctorat d'État soutenue en 1998.
Il doit son premier contact avec la Mauritanie à une étude entreprise entre 1968 et 1971 sur l’environnement –soudain devenu inquiétant à la suite des mouvements sociaux de mai 1968 à Zouerate -  de la société MIFERMA. Sa réflexion, alors  marquée par l'anthropologie marxiste, a porté sur la parenté, le travail et le nomadisme.
Sa relation au monde maure devait s’élargir au fur et à mesure pour couvrir, en plus de  quarante ans d’intense activité,  toutes les dimensions de ce domaine. Il est l’auteur de nombreuses publications  sur ces sociétés sahariennes ; cependant, son œuvre majeure à ce niveau demeure sa monumentale thèse d’Etat sur l’Emirat de l’Adrar, partiellement publiée sous le titre L’émirat de l’Adrar mauritanien, Harim, compétition et protection dans une société tribale saharienne. (2008. Paris. Karthala.)
Au-delà – mais souvent à partir de - ce domaine, Pierre Bonte a entrepris de multiples travaux sur les sociétés tribales. En 1991, il a coédité avec Michel Izard aux Presses universitaires de France, un ouvrage devenu de référence,  le Dictionnaire de l'ethnologie et de l’anthropologie.
Au-delà de son monumental travail scientifique, Pierre Bonte a noué de solides liens affectifs avec les sociétés sahariennes en général et la société maure en particulier. L’appartement qu’il partageait, au 12ème arrondissement de Paris, avec sa compagne, l’anthropologue Anne-Marie Brisebarre reflétait tout à fait cet attachement. Là, ce monde est fortement présent dans les rayons de la bibliothèque, dans les multiples ustensiles et outils négligemment disposés ça et là ; mais surtout par les multiples visiteurs qui en sont issus. Peu de chercheurs travaillant sur le monde saharien n’ont pas été gentiment reçus dans  cet appartement ; beaucoup y ont souvent trouvé généreux gîte et couvert.
Que son âme repose en paix.

Qu’Anne-Marie et toute la famille de Pierre trouvent  ici l’expression de notre sincère compassion.»

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