Inattendu et surprenant ! Le Président français
François Hollande annonce ce soir la libération des quatre otages enlevés en
septembre 2010 sur le site minier d’Areva à Arlit au Niger. Le Président
Hollande est au plus bas de sa forme, les derniers sondages l’accréditent de
moins de 24% d’opinion favorable et la courbe s’en va descendant. La gestion
faite de l’affaire Leonarda, du nom de cette jeune kosovare expulsée de France,
n’a fait qu’user l’image déjà ternie d’un Président qui se bat vainement contre
une crise économique et sociale qui ne semble pas s’atténuer. Pour la troisième
fois, c’est donc le théâtre des opérations au Nord du Mali qui donne un nouveau
souffle au Président français.
Le bonheur des parents et des retrouvailles en général
va cacher momentanément – peut-être le temps de reprendre le souffle – les questions
essentielles qui entourent cette libération. En attendant d’en savoir plus, l’on
peut rapporter le récit qui fait déjà le tour du monde.
Les négociations auraient repris il y a quelques mois.
La diffusion par les ravisseurs de la vidéo il y a six semaines environ,
faisait partie du processus de négociations : il fallait donner une preuve
de vie des otages après tant d’accrochages dans la région où ils sont sensés
être détenus.
Le Président du Niger entre en ligne et fait actionner
ses réseaux à travers un ancien ministre de l’environnement Mohamed Akotey qui
est secondé par un ancien membre de la DGSE française qui préside (ou qui est
lié) à une société privée de sécurité.
On sait que depuis la débandade des groupes jihadistes
sous les coups répétés des forces françaises, et surtout depuis la mort de Abu
Zeyd, le redoutable chef de la Katiba Tarek Ibn Zeyad responsable de l’enlèvement.
Depuis ce temps, les otages sont entre les mains d’un groupe prêt à négocier.
On sait aussi que l’influence du chef de Ançar Eddine
Iyad Ag Ghali restant intacte, les otages sont devenus une partie prenante de
la problématique du Nord. Leur sort est désormais lié au processus de règlement
de la question du Nord. Ce n’est donc certainement pas par hasard que le
gouvernement malien a annoncé ce matin-même l’annulation de quelques mandats d’arrêt
qui visaient certaines grosses pointures de l’aristocratie devenue élite
politique locale.
La DGSE qui avait implanté un bureau à Gao, savait
parfaitement que ce sont les filières touarègues qu’il faut désormais activer
pour avoir un répondant. Ne pouvant plus passer par Bamako, c’est naturellement
le Niger qui devait servir d’interface. Exit aussi le Burkina Faso et son
incontournable président dans ces affaires-là.
Comme le rapporte déjà la presse, la libération a été
obtenue jeudi dernier. Mais les modalités d’échange (de quoi ?) devaient
prendre le temps nécessaire de vérifier qu’on n’est pas floué. Pour chacune des
parties. Depuis dimanche (28/10), les otages ont été récupérés. Restait la mise
en scène qui devait suivre. Le timing est choisi. L’évènement peut être annoncé
par le Président depuis Bratislava en Slovaquie…
Selon les premières informations, une somme de 20 à 25
millions d’euros a été versée pour obtenir cette libération. Si le gouvernement
français refuse de reconnaitre qu’il a versé une telle somme, ce serait donc
Areva qui a payé pour ses employés. Quelle différence ?