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dimanche 23 juin 2013

Les «médians» manifestent

C’est suite à l’appel de plusieurs partis organisés dans une coalition qu’on appelle désormais «AP/CAP» (AP pour Alliance patriotique comprenant Adil, MPR et RD ; et CAP pour Coalition pour une alternance pacifique de APP, Wiam et Sawab), que des milliers de manifestants ont convergé cette après-midi vers la place Ibn Abbass… Assez de gens pour galvaniser les orateurs dont les discours tournaient autour de la nécessité de faire converger Opposition et Pouvoir vers une table de négociations pour assurer des élections apaisées.
Le dessein est noble et indiscutable : tout ce qui vise à ramener à la Raison et qui peut redresser les torts des politiques, toutes tendances confondues, est le bienvenu. Mais il y a comme une gêne dans ce que nous voyons et entendons.
Tout tourne autour de l’initiative du Président de l’Assemblée nationale, Messaoud Ould Boulkheir, président aussi de l’APP. Une initiative qui a été lancée il y a un an, un peu plus si l’on prend comme date de départ sa sortie médiatique de mars 2012 dans laquelle il exposait son idée de faire rencontrer les principaux protagonistes. C’était au lendemain de la conclusion officielle, quelques semaines avant, du dialogue entre une partie de l’Opposition dont son parti et la Majorité au pouvoir. Lui-même a été le maître d’œuvre de ce dialogue, et interface dans sa première saison, celle qui englobait toute la Coordination de l’Opposition Démocratique (COD).
En effet, depuis octobre 2010, c’est bien le Président Messaoud Ould Boulkheir qui faisait la navette entre le Président de la République et sa Majorité et les leaders de la COD. C’est bien le constat d’échec quant à la possibilité de les faire converger qui l’a amené, lui et ceux qui l’ont accepté (Boydiel Ould Hoummoid du Wiam et Abdessalam Ould Horma de Sawab), à abandonner leurs compagnons et à ouvrir un dialogue qui aura duré le temps qu’il faut pour arriver à un accord annoncé solennellement et dont toutes les conclusions ont fait objet de mise en œuvre, de l’aveu même de Ould Boulkheir.
Il ne s’agit pas aujourd’hui de savoir qui a trainé dans le processus de dialogue politique, qui est responsable de l’exclusion – en fait de la marginalisation, il peut s’agir d’une auto-exclusion – d’une partie de la COD, encore moins s’il y a lieu d’ouvrir un nouveau dialogue… La grande question qui demande réponse est celle-là : pourquoi tout ce temps n’a pas suffi à savoir si cette initiative est réellement «une proposition de sortie de crise» (de quelle crise d’ailleurs ?) ou d’une manœuvre politicienne visant à faire perdre le temps à tout le monde… Car n’oublions pas que la seule échéance qui vaille est celle des futures élections vers laquelle nous avançons inexorablement.
Nous savons, grâce à la CENI mise en place par les partis de la Majorité et ceux de la Coalition (AP/CAP), que les élections législatives et municipales doivent se tenir dans la fourchette entre le 15 septembre et le 15 octobre prochains. La CENI vient de signer avec l’Office national des statistiques (ONS) un accord en vue de l’organisation d’un recensement à vocation électoral qui doit être lancé dans les délais légaux. Toute l’opération électorale relève désormais de la compétence – et uniquement de la compétence – de la CENI. Et c’est le lieu ici de se demander à quoi sert un gouvernement d’union nationale. Surtout que les expériences, ici et ailleurs, nous indiquent qu’une telle démarche de consensus met la démocratie en danger sans assurer la bonne marche des choses.

Nous avons ici souvenance de ce qu’il est advenu au lendemain de la dissolution du gouvernement d’union nationale chargé d’organiser la présidentielle de juillet 2009 : le refus de reconnaitre les résultats pour la plupart des acteurs, de tous à continuer dans le même esprit de convergence. Les inimitiés politiques relèvent ici plus du ressentiment personnel que du positionnement idéologique ou de la vision de propositions pour l’avenir. D’où le sentiment que tous les acteurs s’accrochent au seul aspect «gouvernement d’union» de l’initiative de Ould Boulkheir. Un peu si le souci était de ne pas rester à l’écart, d’être impliqué dans la gestion des affaires publiques… C’est légitime quand on n’a jamais fait que s’acoquiner avec les pouvoirs en place. Ce qui est le cas de la majorité de ceux qu’on entend et voit le plus.