Dans
une récente sortie, le Président français, François Hollande s’est dit
satisfait de la guerre menée au Mali. Il considère qu’il avait «atteint ses objectifs» parce qu’il avait
pu «arrêter l’offensive terroriste»,
«reconquérir les villes occupées par les
terroristes» et aller dans «le réduit
des terroristes, dans leur sanctuaire». Le Président Hollande qui est au
plus bas dans les sondages, en profite pour dire que «la France a été regardée comme le pays de la délivrance» et que «chaque Français doit en être fier et les
soldats français doivent en être remerciés».
Dans
cette partie du propos, le Président Hollande se trompe énormément. La guerre
des terroristes, celle qu’ils affectionnent et qu’ils savent mener, vient de
commencer. Avec les kamikazes, les terrains minés, les attaques surprises… Ils
sont désormais ici et nulle part. Ils frappent quand ils veulent et où ils
veulent. S’ils arrivent à maintenir le rythme des attaques actuelles encore
quatre semaines, on commencera alors à parler d’enlisement. Ce n’est pas parce
que les soldats français ne tombent pas en nombre qu’il faille parler d’une
réussite militaire. Les Maliens et les Tchadiens meurent en nombre eux. Les
civils aussi.
Pour
ce qui est de la fierté «légitime»
des Français, elle devrait être tempérée par ce qui se passe sur le terrain en
matière d’exactions, de répressions et de règlements de compte sauvages.
Assassinats, enlèvements, tortures, expropriations, chasse à l’homme…, les
forces maliennes avec lesquelles l’Armée française partage tout, sont coupables
du pire en terme de représailles et de punitions collectives. Que dire des
dizaines de victimes civiles innocentes maltraitées, dépossédées, parfois
exécutées sans discernement sous le couvert de la reconquête du Nord ?
L’Armée française est la première à savoir, à voir directement parfois
s’exercer l’arbitraire contre des populations isolées (Peulhs, Touaregs,
arabes, Songhaïs). Qu’a-t-elle fait pour arrêter cela ?
Sur
le calendrier des opérations, le Président François Hollande a promis que le processus
de retrait commencera en avril et qu’en juillet, il n’y aura plus «que 2000 soldats français au Mali dans le
cadre sans doute d’une opération de maintien de la paix de l’ONU». Que
faire de l’exigence onusienne d’avoir des forces parallèles à celles destinées
au maintien de la paix, des forces qui auront vocation de continuer la guerre
aux groupes terroristes ? Le secrétaire général de l’ONU a bien dit la
semaine dernière que les forces qui seront mobilisées dans le cadre d’une
mission des casques-bleus, seront assistées par d’autres qui auront pour
mission de faire la guerre. Le Président Hollande a fait semblant d’ignorer
cela.
Son
envolée l’a amené à se dire «intraitable»
sur la question de l’élection présidentielle en juillet prochain. Et de
demander «deuxièmement» un «dialogue avec toutes les composantes de la
société malienne». On doit en comprendre que la France tient d’abord à
l’organisation d’une élection présidentielle qui permettra de légitimer le
pouvoir qui en sortira à Bamako. Mais lequel des Mali va choisir «son» Président ? celui qui est sur
la route de l’exil ou celui qui est terrorisé par les perspectives ouvertes
depuis l’effondrement de l’Etat malien ? Qui est, au sein de la classe
politique malienne actuelle, apte à diriger en temps pareils ? où est le
charisme nécessaire à cela ? Et, grande question, à quoi sert une
légitimation par les urnes si le Mali dont doit hériter le futur pouvoir est
exsangue, atomisé et occupé ?
Ce
dont le Mali a besoin aujourd’hui, c’est d’abord de se retrouver et de renouer
les liens entre les différentes communautés, d’imposer un dialogue à toutes les
composantes du paysage politique et social et de les amener à imaginer une
porte de sortie qui pourrait assurer la reconstruction de l’Etat et la restauration
(réhabilitation) de la démocratie. L’élaboration d’une vision d’ensemble dont l’objectif
premier est la réconciliation nationale et la création de refondations assurant
un avenir commun, sur la base de la recherche de compromis possibles…, il n’y a
que ça pour assurer un avenir viable et stable au Mali. Et certainement pas les
affirmations d’un Président français en proie à de nombreuses difficultés et
qui veut atténuer la désaffection de son opinion publique en imposant sa
volonté à des peuples certes pauvres mais libres quand même de concevoir par
eux-mêmes ce qu’il leur faut…