Ce
qu’il fallait retenir de l’initiative de Messaoud Ould Boulkheir, ce n’est pas
la mise en place d’un gouvernement d’union nationale, mais la volonté d’établir
un dialogue avec les acteurs «récalcitrants», les amis d’hier qui
avaient choisi d’exiger le départ de celui avec lequel ils avaient co-organisé
la présidentielle de juillet 2009. Une démarche, celle de Messaoud, impossible
à réaliser dans la mesure où elle demande une attitude neuve et nouvelle des
acteurs.
«Neuve»
parce qu’elle dénote d’une remise en cause des rapports avec la politique
jusque-là en vigueur dans la manière de voir et d’agir. Il s’agira d’abandonner
cette approche faisant de la politique une sorte de combine continuelle menant
fatalement au partage du pouvoir et donc à son exercice, soit directement soit
indirectement. La plupart de ceux qui s’activent (et qui s’accrochent à l’initiative
du président de l’Assemblée) appartiennent aux sphères qui ont «goûté» à
un moment ou un autre aux délices de l’exercice du pouvoir et de la
participation à un gouvernement donné. Selon toute vraisemblance, ils
cherchent, à travers le plaidoyer pour un gouvernement «ouvert» ou «d’union»,
à revenir par la fenêtre qui sera ainsi ouverte.
Attitude
«nouvelle» dans la mesure où elle peut amener les protagonistes actuels
à oublier leurs ressentiments pour accepter de «jouer balle à terre» en
respectant chacun son poste et sa mission et en imposant un jeu franc à tous. Que
Ould Abdel Aziz, Ould Maouloud, Ould Boulkheir, Sarr, Ould Daddah, Ould
Mansour, Ould Ahmed Waqf, Ould Hanenna… que chacun et que tous oublient les
coups qu’ils se sont joués, les trahisons qu’ils se sont faites, les
crocs-en-jambes, les vacheries, les haines, les divergences, les sapes… qu’ils
oublient, même momentanément, tout ce qu’ils se sont joué comme tours pour
accepter qu’il y a plus important que tout ça : la démocratie, la
Mauritanie.
Le
problème de la scène politique aujourd’hui, est bien le fait qu’elle soit
occupée par des gens qui sont les survivants de mille et une cachoteries. Chacun
s’est vu privé de réaliser son ambition par la faute de l’autre, le plus
souvent un partenaire qui lui joue une petite traitrise à la dernière minute. Et
comme l’idéologie dominante est bien celle de la rancune, on n’oublie rien…
rien de rien…
La scène est intoxiquée. L’initiative de Messaoud doit
commencer par essayer de rétablir la confiance. Et si Ould Abdel Aziz veut «calmer»
ses protagonistes, il n’a qu’à miroiter devant eux la possibilité pour lui d’ouvrir
son gouvernement, pourquoi pas tout le jeu pour permettre à de nouveaux joueurs
d’y faire leur entrée. C’est dire la simplicité avec laquelle il faut désormais
aborder la question. C’est ce que tentent certains acteurs en mettant en exergue
le seul aspect «gouvernement d’union» de l’initiative…