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mardi 19 novembre 2013

Boycott, vous avez dit boycott ?

Le boycott d’une partie de l’Opposition des élections à venir peut-il avoir une influence sur le processus politique et laquelle ? C’est la question qu’on se pose déjà.  La réponse à la question dépend du déroulement des élections. Il ne s'agit pas ici de savoir si les partis «boycottistes» de la COD vont réussir à «faire échouer» ces élections. Comment s’y prendraient-ils ? En empêchant les gens de s’y rendre ? En mobilisant la rue et en faisant craindre le pire ? En discréditant d’avance les résultats et en accablant ceux qui y participent ?
Rien ne sera épargné certainement, mais le résultat sera le même : les élections auront lieu et nous aurons leurs résultats. A partir de ce moment-là, il faut voir quel sera le comportement des partis ayant participé. Est-ce que Tawaçoul, APP et Wiam vont reconnaitre facilement les résultats et aller de l’avant ? Ou vont-ils – tous ou l’un d’eux – chercher à «compliquer» la situation politique d’après-élections pour faire plus pression sur le pouvoir ? En Mauritanie tout est prévisible. Rappelons-nous comment l’Opposition avait remis en cause les résultats de l’élection présidentielle de 2009 après l’avoir cogérée en ayant les ministères-clés pour une élection : l’intérieur sensé être l’outil de la fraude, les finances sensé être celui de la corruption, la communication qui est associé à la propagande et la défense (contrôle de l’Armée). Cela n’a pas empêché la majorité des partis d’opposition – seul Tawaçoul a évité cette position-là – de contester la légitimité de l’élection.
On peut donc avoir les élections les plus régulières de l’histoire du pays (sans interférence des autorités, avec une possibilité de garanties maximales, avec des outils qui limitent considérablement la fraude…) et, en même temps, avoir les élections les plus contestées. On est en Mauritanie.
La campagne touche à sa fin. On a vu les partis rivaliser autour de photos plus que de programmes. Mais les partis en Mauritanie n’ont jamais confronté leurs programmes (pour ceux qui en ont). La bataille a toujours été une bataille de personnes et de leadership parfois au niveau de la «particule clanique». C’est le «pousses-toi que je m’y mette» qui l’emporte plus que des arguments idéologiques ou volontaristes.
Au regard de cette campagne, le taux de participation pourrait être très bas à Nouakchott où l’on risque de revenir aux taux des années 90 quand une circonscription comme Tevraq Zeina peinait à atteindre les 25% alors qu’elle est le lieu de résidence de tous les cadres du parti au pouvoir (PRDS) et qu’elle est un haut-lieu de fraude et de bourrage des urnes. Il y a certes la désaffection du politique qui a gagné les esprits depuis 2006, mais il y a aussi le «manque de stimulants».
Les pratiques passées ont ancré ce rapport à la politique qui se juge d’abord par ce que le positionnement rapporte. Force est de reconnaitre que l’argent ne circule pas dans les mêmes proportions que par le passé. En l’absence de l’argent qui reste «le nerf de la guerre», on pouvait se rabattre sur le militantisme donc sur les discours et les programmes. Ils sont vides ou presque. On pouvait mettre en exergue les personnalités des candidats : ils sont pour la plupart ternes, délavés avant d’être utilisés, sans envergure et «sans signes particuliers»… La plupart des candidats qui se proposent ont l’air de fantômes, tellement ils sont insaisissables, tellement ils  ne ressemblent à rien…
«Hadha huwa iljaabit ishshibka»… C’est le sort que nous devons accepter parce que la scène n’a finalement produit que cela. Notre Assemblée nationale de demain sera ainsi faite. La participation de toutes les forces politiques mauritaniennes aurait-elle changé quelque chose à cela ? Peut-être si l’on elle aurait évité la montée de certaines petites formations qui n’ont guère de signification. Peut-être pas dans la mesure où la capacité de proposition de l’ensemble des acteurs a déjà été mise à l’épreuve. Sans résultat probant.

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