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vendredi 9 août 2013

L’excuse, toujours présente

L’excuse – pas au sens de la reconnaissance de son erreur et du repentir, mais au sens du (faux) prétexte pour justifier la faute – est une spécialité de l’homme mauritanien qui n’arrive jamais ou pratiquement jamais à reconnaitre son erreur.
L’autre jour, je m’apprêtais à passer un feu qui a viré au vert au moment où je l’atteignais, une petite (et vieille) voiture a failli me percuter parce que le chauffeur avait brûlé le feu. Situation anodine à Nouakchott où le respect du code de la route est une valeur absente. Seulement, je fus choqué par la voiture qui arborait fièrement les plaquettes de «l’auto-école Tijikja». Ma relation sentimentale avec l’une des plus vieilles cités de Mauritanie, une cité qui a donné beaucoup de cadres qui ont loyalement servi ce pays, une cité où le taux de diplômés est certainement supérieur à la moyenne des autres régions…, cette relation avec la ville m’interpella. Surtout qu’il s’agissait d’une auto-école, là où l’on apprend aux autres à conduire les voitures, là où l’on enseigne les règles du code de la route… Je ne devais pas laisser passer. Je fais en sorte d’être au niveau du chauffeur pour lui demander : «Comment un maître d’auto-école peut brûler un feu rouge ?» et lui de répondre : «Je ne l’ai pas vu».
Aqbahu maa qiila vil i’tidhâri, l’une des plus moches excuses qu’on puisse avancer en pareil cas. Mais le Mauritanien ne se gêne jamais : ce n’est jamais de sa faute s’il commet une bourde, s’il enfreint une loi, s’il commet une injustice… C’est toujours «mahu ibghardhi» (cela ne découle pas de ma volonté). Vous n’entendrez jamais : «Pardon, c’est de ma faute», «toutes mes excuses, je n’ai vu que je commettais une faute»… mais plutôt «tu étais trop prêt», «je n’ai pas vu mais je suis déjà là», «tu m’as perturbé»…

C’est bien parce que nous ne reconnaissons pas nos fautes que nous les répétons. C’est parce que nous répétons les mêmes fautes que nous avons l’impression que l’Histoire bégaie et qu’elle nous fait constamment revenir sur nos pas. Et c’est bien parce que nous revenons constamment sur nos pas que nous n’avançons pas.

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