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jeudi 15 août 2013

Les «avances» du Président

C’est sans doute sur la question des élections que le Président de la République était le plus attendu. Et c’est sans doute pourquoi c’est sur cette question qu’il a été le plus prolixe et le plus clair. Après avoir rappelé que la question est du ressort exclusif de la CENI, il a fixé ce qu’il estime être un maximum acceptable à son avis : report de quelques semaines (trois au plus), ouverture de la CENI aux partis de la COD et création d’un Observatoire des élections. Tout en rejetant l’idée d’ouverture d’un nouveau dialogue, il a déclaré sa disponibilité et celle de son camp à discuter de tout avec tous les partis politiques. Le ton était très posé, ce qui a ajouté au caractère solennel des propos.
Au lendemain de cette sortie, les «avances» du Président n’ont pas fait l’objet d’un commentaire officiel de ses protagonistes. Quelques voix marginales plus ou moins excessives çà et là mais pas de communiqué. Alors ?
La situation en Egypte a occupé les plus actifs des acteurs : toute leur attention est captée par le déroulement des tragiques évènements de là-bas. Mais on peut cependant extrapoler pour comprendre quelles chances d’aboutir peuvent avoir ces avances.
Les propos du Président ont levé l’équivoque quant au report des élections. Les dernières semaines, tout le monde, y compris dans le camp de la Majorité, avait douté qu’elles puissent se tenir dans les délais fixés. Comme à l’accoutumé, les médias «indépendants» (ou non) ont fait courir l’information selon laquelle, le Président de la République aurait accepté le report quand Ould Boulkheir, le Président de l’Assemblée en avait discuté avec lui. Au lendemain de l’intervention de Ould Abdel Aziz, on a remarqué une ruée vers les centres d’inscription sur les listes électorales. Ce qui laisse prévoir un bon taux d’inscription d’ici la fin des délais.
Si les taux sont élevés, les enjeux seront grands. Plus les enjeux locaux sont importants, plus la participation sera grande. Ce qui affectera les effets de l’appel au boycott. Si le mot d’ordre de boycott n’est pas suivi, ce sera un revers (de plus) pour la COD qui appelle depuis trois ans à la révolte contre le pouvoir.
«Empêcher le déroulement des élections», c’est ce que promettent les protagonistes du régime, tout en précisant «par les moyens démocratiques et civilisés». On peut imaginer d’ici les uns et les autres des cadres politiques plutôt s’aligner derrière tel ou tel cousin et/ou allié pour permettre sa victoire contre «l’ennemi principal» qui peut être un autre cousin ou un protagoniste historique. On ne peut pas en tout cas imaginer le pouvoir décréter ou accepter l’idée d’un report sine die synonyme d’une victoire politique des opposants. Ce serait un cadeau à une Opposition qui a jusque-là été incapable de déstabiliser le régime, au moins par les moyens légaux. En politique on ne fait pas de cadeau.
D’autant plus qu’il reste un atout entre les mains du pouvoir, un atout dont l’utilisation peut lui faciliter les choses. Imaginons un moment que dans deux, trois semaines, le Président Ould Abdel Aziz décide de dissoudre le Parlement, nous serons alors devant l’obligation, pour tous, d’organiser des élections dans un délai de soixante jours. Tous seront obligés d’aller à cette échéance qui aura force de loi (ce sont les délais prévus par la Constitution) : le souci pour le régime ne sera plus de faire des concessions pour permettre la participation de tous. Que fera alors l’Opposition ?
Pour éviter de se mettre face à un dilemme inextricable, l’Opposition – la COD – doit reprendre l’initiative en proposant des mesures concrètes qui l’amèneront à participer aux élections, quelque chose qui puisse faire passer le cap du rejet et de la haine. Se demander qu’est-ce qui peut garantir la régularité du scrutin en plus de la mise en place d’une CENI chargée du déroulement de toute l’opération : de l’établissement des listes électorales à la déclamation des résultats en passant par l’organisation du scrutin, la constatation des insuffisances… Mais du concret. A défaut de pouvoir imaginer une formule pour s’accepter, l’Opposition se condamne comme elle s’est condamnée en 1992.

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