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lundi 12 août 2013

La ruée vers l’Est

C’est le temps d’aller vers Néma, l’extrême sud-est du pays. C’est ici que la prestation annuelle du Président de la République aura lieu. Cette quatrième édition des «rencontres avec le peuple» se tient donc dans la capitale du Hodh Echergui, en ces temps d’hivernage relativement clément. Un acte de communication qui prend une dimension autre pour différentes raisons dont la raison «climatique».
L’hivernage, déjà pluvieux (al hamdu liLlah), inspirera certainement quelques gaités à l’évènement. La verdure, l’eau et les gens heureux, les ingrédients d’un bon passage d’épreuve. La période correspond à l’ère de prospérité pour l’habitant qui n’a qu’une seule crainte : que le ciel s’arrête de pleuvoir (voir le titre inspiré du roman de Beyrouk).
La relation qu’on entretient ici avec la pluie est incompréhensible ailleurs, même pour les peuples les plus ancrés dans le système de production agricole. Ailleurs, la pluie permet de se mettre au travail, en fouillant, en bêchant, en labourant… Ici, elle permet de se reposer, de reprendre son souffle, de restaurer sa force pour tenir devant les jours «secs» (qui sont plus nombreux que les jours humides).
On scrute l’horizon avec l’espoir de voir le ciel couvert et menaçant… non ! pas «menaçant», même si l’on perçoit le phénomène comme l’une des manifestations de la Toute-puissance divine. En fait, quelque soit la force de l’orage qui s’annonce, la couleur du vent qui se lève, on est envahi par un fol espoir de revoir le sol trempé, les effets trempés, la nature lavée de toutes les souillures qui l’ont affectée. Ailleurs, «après la pluie, le beau temps», ici c’est avant, pendant et après que nous avons le «bon» temps… Le «bon» temps, nous le préférons au «beau» temps. Il suppose une dose de clémence, de générosité, de mise en condition… il est le temps du bonheur pour les habitants qui ont le loisir de paresser en regardant les troupeaux paître tranquillement, en attendant le retour, le soir venu, des bêtes de traite qui n’ont plus à s’éloigner des enclos pour brouter et satisfaire leurs besoins en nourriture fraiche, qui n’ont plus besoin donc de surveillance… Pour quelques temps, c’est le relâchement de cette tension qui accompagne toute l’année. Pour quelques temps, c’est le faste qui gagne. Le temps de la poésie, de la musique, des amours aussi. Le temps du voyage enfin : de campement en campement, aujourd’hui de ville en ville. Quoi de plus excitant pour le nomade que de faire la seule chose dans laquelle il excelle : la transhumance ?
Il ne faut pas s’étonner aujourd’hui de voir cette ruée vers le Hodh. Elle s’explique certes par le temps «politique», mais elle est surtout un phénomène de saison. Choisir de placer l’événement de la sortie présidentielle en ce moment au Hodh, est donc un acte bien réfléchi de communication.

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