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vendredi 12 juillet 2013

Elections, un piège à…

Depuis le début, la question est posée : qui a intérêt et donc qui veut réellement aller aux élections ? La réponse est sans appel : personne ou presque.
Le nouveau système électoral, avec notamment l’augmentation des taux de proportionnelles, assure à tous, même les plus faibles, une part des sièges à pourvoir. Il est sûr donc que chacun des partis actuellement plus ou moins bien pourvus, y perdront des plumes.
Côté Majorité, l’Union pour la République (UPR) est loin d’être assuré de garder son poids électoral actuel. Héritier de ADIL, le parti du Président Ould Cheikh Abdallahi, l’UPR n’a pas eu l’expérience d’une compétition électorale depuis sa création autre que la présidentielle dont la dynamique était lancée et soutenue ailleurs.
Les partis satellites de l’UPR, comme l’Union pour la démocratie et le progrès (UDP) ou le Parti républicain pour la démocratie et la réforme (PRDR) pour ne citer que les plus significatifs en termes de représentativité électorale, ces partis n’ont pas les moyens de rééditer leurs exploits passés. La conjoncture a changé et arriver aux mêmes scores relève de l’impossible pour eux.
Les nouveaux partis, comme ceux des jeunes, n’ont pas encore l’expérience requise pour être assurés de résultats «acceptables». Ils pourront certes profiter des mécontentements que susciteront les choix de l’UPR pour récupérer les plus déterminés des postulants à la candidature. Mais ce ne sera pas suffisant pour leur donner assez de confiance pour aller aux élections sans appréhensions sérieuses.
Côté Opposition, le statut du chef de file de l’Opposition répond à de nouveaux critères qui écarteront certainement Ahmed Ould Daddah, le président du Rassemblement des forces démocratiques (RFD). D’abord l’esprit du Statut consiste à mettre en lace une Institution et non un homme : l’«Institution de l’Opposition démocratique» et non le «chef de file». Ensuite, il faut être un élu pour accéder à ce statut. Le président du RFD est donc sûr de ne pas pouvoir briguer ce poste de chef de file de l’Opposition. Pas besoin de parler du recul très probable du parti, ni de l’avancée d’autres partis d’Opposition, les nouvelles règles suffisent à elles seules pour assurer une alternance à la tête de l’Institution de l’Opposition.
Avec les évènements d’Egypte, mais aussi le positionnement quelque peu hasardeux au niveau national, les Islamistes de Tawaçoul doutent désormais de pouvoir faire le raz-de-marée qu’ils assuraient depuis deux ans. La récente visite de terrain du Président Ould Abdel Aziz a démontré combien est factice l’implantation du parti dans certains milieux : c’est dans les agglomérations «acquises» - jusque-là à Tawaçoul – qu’il a eu les accueils les lus fervents (le triangle Rosso-Rkiz-Mederdra). Le reflux «révolutionnaire», les prises de position sur la Syrie où la guerre civile a détruit tout un pays et le changement de stratégie chez les Qataris pèsent déjà sur l’analyse de la situation favorable jusque-là.
L’Union des forces du progrès (UFP) est poussée par son élite dirigeante vers le boycott. Même si le «centralisme démocratique» qui dicte au parti d’écouter la base, pousse déjà vers la participation. Le courant du boycott et du refus de la tenue de telles élections travaille sérieusement pour empêcher le débat sur la question.
Côté Opposition participative, on voit désormais l’initiative lancée par le Président Messaoud Ould Boulkheir comme une manœuvre visant à reculer l’échéance. Sinon comment comprendre que celui qui a diligenté le dialogue avec le pouvoir après avoir tout fait pour tenir ses compagnons à l’écart, qui a abouti à des résultats probants parce que significatifs pour l’organisation d’élections transparentes et régulières, qui a participé au tri d’une Commission électorale indépendante chargée d’organiser ces élections… comment comprendre que cet homme-là cherche aujourd’hui à reprendre un dialogue «inclusif», exige la mise en place d’un gouvernement de consensus (ou d’ouverture, ou d’union) chargé d’organiser les élections et reconnaisse ainsi l’échec de l’entreprise menée avec d’autres et dont les résultats ont été loués par tous ?
Finalement, on se rend compte que seuls El Wiam de Boydiel Ould Hoummoid, le Président Ould Abdel Aziz lui-même, les petits nouveaux partis qui n’ont pas de grandes influences sur l’opinion publique et un petit peu Tawaçoul, seuls ceux-là ont intérêt à voir se dérouler ces élections.
El Wiam parce que c’est un parti qui allie héritage de Taya, notabilisme et moyens, ce qui l’assure d’aller au-delà de ses espérances, surtout qu’il ne sera jamais perçu comme «opposition radicale». Ni par le pouvoir qui le traitera en partenaire et non en adversaire, ni par les éventuels mécontents qui voudront exprimer leur état d’âme sans aller trop loin.
Le Président Ould Abdel Aziz concoctera une Majorité à partir de la configuration politique qui apparaitra après les élections qui seront pour lui un teste avant l’échéance de 2014.
Pour les petits partis, ce sera l’occasion de profiter (au moins) de la proportionnelle et de se faire une place sur l’échiquier.

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