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mardi 15 janvier 2013

Choum, le présent du futur


C’est un peu l’autre bout du monde ou si vous voulez une formule usitée, prête à servir n’importe où l’on va dans le nord de la Mauritanie, c’est «le milieu de nulle part». Vous ne savez jamais d’où vous arrivez en entrant à Choum. Vous avez tellement attendu le moment d’y venir, que vous y entrez sans vous rendre compte. Et comme toutes ses entrées se ressemblent, vous finissez par oublier de quelle direction vous venez.
La ville – m’enfin ! le village n’a pas changé. Ou presque pas. A peine on essaye de se retrouver et on est déjà sur la place centrale, le marché, les quelques boutiques qui proposent tout et rien. Et les hommes qui s’agglutinent à cette heure de la journée autour de deux ou trois jeux de «dhamet», le jeu de dames traditionnel de chez nous. De jeunes écolières rentrent de l’école en s’amusant, «dans la joie et l’allégresse» comme dirait un reporter de chez nous. La base de la SNIM qui donne vie à la localité. En fait, c’est autour de la gare du train qui passe ici au moins deux fois venant de Zouératt et deux fois revenant de Nouadhibou, c’est autour de cette gare que s’organise la vie. Toute la vie : l’économie, le social, voire le politique…
Le bruit du train m’interrompt. Une tranche de Modernité en plein désert. Des techniciens supérieurs, parmi lesquels des ingénieurs bien formés et ayant un grand sens de la responsabilité ont eu à gérer la «base de vie» de la SNIM à Choum. Mais ils l’ont ait à la manière des explorateurs et autres conquérants qui ne font qu’effleurer le monde qu’ils ont côtoyé.
Choum voit passer toutes les heures, des camions poids-lourds transportant d’autres poids-lourds en direction des environs, et surtout du Nord. On entend ici parler d’une multitude de prospecteurs dans les environs. De toutes les nationalités.
C’est, sur une trentaine de kilomètres sur la route de Choum, que l’on voit une série de tranchées creusées à partir des contreforts de l’Adrar vers l’ouest. On ne sait pas qui fait ça, pourquoi il le fait et où les tranchées se dirigent. On a comme l’impression que quelqu’un va installer des canalisations. Oudey el Kebsh, Oum Ghreyd, ‘Aggi… tous ces lieux sont traversées par ces tranchées qui obligent les usagers de la route à suivre une seule voie par moment…
On parle encore ici de cet accident récent qui a coûté la vie à un géologue mauritanien travaillant pour le compte d’un privé associé à des opérateurs turcs. Leur voiture s’est renversée non loin de Choum à 16 heures par une journée bien froide. Les secours ne sont arrivés qu’à 20 heures. C’est l’équipe de la SNIM qui a découvert la voiture recherchée depuis l’après-midi par la Gendarmerie avertie à partir de Nouakchott mais ayant reçu de fausse indication sur l’emplacement. L’infirmier de la SNIM a prodigué les premiers soins en attendant l’arrivée d’une équipe médicale de l’Armée et le transfert des blessés graves par avion militaire le lendemain.
On en parle encore pour dire la nécessité de construire la route Atar-Zouératt, une route qui désenclaverait toute la région et qui contribuerait à tranquilliser les dizaines d’étrangers venus chercher les minerais dans la région. Une région qui est en ébullition…
Seulement, cette hyperactivité dans la région, ne cache pas la misère des populations. L’année a été dure ici. «Si la boutique Emel a allégé la souffrance des habitants, ceux parmi eux qui ont du bétail n’ont pas eu de facilités pour alimenter leur bétail pendant toute la saison passée…», nous raconte l’habitant. Qui poursuit : «Ici, les gens semblent avoir l’habitude de souffrir en silence. Le labeur d’antan et les expériences acquises au travers des sécheresses du passé permettent aux populations de cacher leur dénuement, mais la famine menace sérieusement ici».
Si le futur de la région est celui qu’on espère avec toutes ces activités de prospection, son présent est fait de maladies liées au froid et à la malnutrition. Leur venir en aide eu plus vite.

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