Avec
le nouveau réseau routier qui traverse certains quartiers et les lampadaires
qui éclairent les rues, la ville de Néma prend l’allure d’une vraie ville. Quand
on est ici, on ne se rend pas compte immédiatement que nous sommes dans les «parages»
de cette poudrière qu’est le Nord du Mali. C’est quand on discute avec les gens
qu’on comprend qu’ils sont pris par certaines peurs qui n’existaient pas
auparavant. Peur de sortir loin de la ville, de voir la guerre éclater, de
recevoir les réfugiés, d’entendre les fracas de bombes balancées par des drones
dont les commanditaires s’excuseront plus tard pour l’erreur et la mettront sur
le compte des «dommages collatéraux»…
Néma
n’a jamais été un grand centre commercial, mais l’activité y est plutôt
prospère. Beaucoup de nouvelles épiceries lui donnent l’air de Nouakchott. Dans
deux ou trois ans, nous aurons probablement une population des villes, avec l’anonymat
des villes. Aujourd’hui, la tribu est encore très présente. Ce n’est pas la
faute de la population qui a accompagné la Mauritanie indépendante et qui a
fourni quelques grands pionniers de ceux qui ont participé à la construction de
l’Etat moderne. Qui a fourni aussi des leaders comme Bouyagui Ould Abidine – on
va le mettre sur le compte de la capitale régionale du Hodh Echargui à laquelle
sa ville, Timbédra appartient – ou Messaoud Ould Boulkheir. Chacun ayant été un
précurseur dans ses choix.
Je
ne crois pas qu’il y a eu une relève à la première élite. Celle d’aujourd’hui
est en général un produit PRDS dont le moule est celui de la convenance et du
rangement. Il y a eu quelques tentatives de «rébellion» contre la classe
politique traditionnelle, mais les efforts de la jeunesse assoiffée de
changements sont restés sans effet. Jusqu’à présent. Peut-on espérer un conflit
de génération qui pourra libérer des anciens carcans et assurer l’avènement d’une
classe politique neuve (ou nouvelle) ?