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samedi 10 novembre 2012

Néma, l’autre bout de la Mauritanie


Avec le nouveau réseau routier qui traverse certains quartiers et les lampadaires qui éclairent les rues, la ville de Néma prend l’allure d’une vraie ville. Quand on est ici, on ne se rend pas compte immédiatement que nous sommes dans les «parages» de cette poudrière qu’est le Nord du Mali. C’est quand on discute avec les gens qu’on comprend qu’ils sont pris par certaines peurs qui n’existaient pas auparavant. Peur de sortir loin de la ville, de voir la guerre éclater, de recevoir les réfugiés, d’entendre les fracas de bombes balancées par des drones dont les commanditaires s’excuseront plus tard pour l’erreur et la mettront sur le compte des «dommages collatéraux»…
Néma n’a jamais été un grand centre commercial, mais l’activité y est plutôt prospère. Beaucoup de nouvelles épiceries lui donnent l’air de Nouakchott. Dans deux ou trois ans, nous aurons probablement une population des villes, avec l’anonymat des villes. Aujourd’hui, la tribu est encore très présente. Ce n’est pas la faute de la population qui a accompagné la Mauritanie indépendante et qui a fourni quelques grands pionniers de ceux qui ont participé à la construction de l’Etat moderne. Qui a fourni aussi des leaders comme Bouyagui Ould Abidine – on va le mettre sur le compte de la capitale régionale du Hodh Echargui à laquelle sa ville, Timbédra appartient – ou Messaoud Ould Boulkheir. Chacun ayant été un précurseur dans ses choix.
Je ne crois pas qu’il y a eu une relève à la première élite. Celle d’aujourd’hui est en général un produit PRDS dont le moule est celui de la convenance et du rangement. Il y a eu quelques tentatives de «rébellion» contre la classe politique traditionnelle, mais les efforts de la jeunesse assoiffée de changements sont restés sans effet. Jusqu’à présent. Peut-on espérer un conflit de génération qui pourra libérer des anciens carcans et assurer l’avènement d’une classe politique neuve (ou nouvelle) ?

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