Le
Mali semble s’enliser. Comme si ce pays qui a tant offert à l’Humanité, n’intéressait
plus personne. Ce qui s’est passé, c’est qu’avec les décisions précipitées de
la CEDEAO, la crise a été confiée à un médiateur intéressé, le chef d’Etat burkinabé
Blaise Compaoré. Cela s’est traduit par un retour à la constitutionnalité qui s’est
soldé par la désignation de N’Diocounda Traoré, président de l’Assemblée
nationale, puis d’un Premier ministre en la personne de Modibo Diarra l’astrophysicien
de renommée internationale. le premier manque de force, le second de légitimité
historique et de compétences politiques à même de lui permettre d’impulser une
solution malienne à la crise.
La
transition devait durer 40 jours, comme prévu par la Constitution. Ce qui a
occasionné une crise entre la CEDEAO et la junte militaire qui n’a jamais
effectivement quitté le pouvoir. Cette seconde crise a révélé la fragilité et
les insuffisances de l’accord signé entre la junte et la CEDEAO. Déstabilisant
encore plus le pouvoir central et les Institutions nationales maliennes. Enfonçant
encore le pays tout entier dans la déconfiture…
C’est
comme si les frères de la CEDEAO appuyaient le Mali dans sa chute dans l’abîme.
Et y poussaient encore.
Parallèlement,
le Nord prend le large. Avec l’accord signé entre ceux de Ançar Eddine et ceux
du MNLA et la naissance de l’Etat islamique en plus des menaces qu’elle fait
peser sur les pays voisins (voir la page de dimanche), elle renforce la
partition du pays en éloignant plus le Nord du Sud.
Elle
est aussi source de guerres civiles qui peuvent prendre l’allure de
confrontations ethniques, et même tribales. Les Touaregs n’étant qu’une partie
du peuplement de l’Azawad, ils ne peuvent prétendre décider de la destinée de
ce territoire. Quelles parts pour les autres ethnies qui veulent rester
rattachés au Mali et qui rejettent l’application de la Chari’a ?
C’est
pourquoi tout le monde s’est précipité pour condamner cette union jugée
contre-nature par ceux qui croient que le MNLA est en position d’imposer quoi
que ce soit. Seul, Djibril Bassolé, le ministre burkinabé, médiateur dans la
crise, y a trouvé l’avantage d’avoir un seul interlocuteur… Cela en dit long
sur la lecture que le médiateur fait de la scène malienne. Une lecture qui
aurait dû le disqualifier dès le départ.
Plus
le temps passe, plus les groupes jihadistes se renforcent, plus l’entreprise de
les déloger sera plus difficile à réaliser. Le temps est pour eux. Ils ont l’armement
libyen, celui de l’Armée malienne récupéré en excellent état… Les recrutements
reprennent et l’afflux des combattants est évident.
On
peut envisager que la création d’un Jihadistan dans l’espace sahélo-saharien va
permettre de déstabiliser non seulement le Maghreb, l’Afrique de l’Ouest, mais
aussi l’Europe. Et si les Somaliens ont pu faire régner la terreur en Mer
Rouge, ceux de cet espace menaceront à terme l’espace méditerranéen, voire
atlantique. Surtout si la stabilisation de la situation en Libye prend du temps
ou si elle s’avère impossible comme cela est probable.
La
menace pèse sur tous ces espaces et sur leurs habitants. C’est aux pays de ces
espaces de trouver la solution. En commun.