Pages

jeudi 1 novembre 2012

Vous avez vu la lune ?


Ces nuits de «dhuul ennawba vinnawba», ce qu’on appelle chez nous «la bouche de l’hiver» et qui correspond à la fin d’un automne particulièrement court sous nos latitudes, en ces nuits la lune apparait dans toute sa splendeur.
Je commence à méditer la relation que nous avons avec ce satellite de notre planète et qui, en reflétant les rayons du soleil vers nous, nous donne l’impression d’émettre une lumière qui nous enchante souvent. C’est ce qui m’arrive ce soir-là…
Quand je pense à toutes les merveilles paroles composées par les poètes arabes et où la lune est au centre de l’impression, tantôt comme muse en elle-même, tantôt comme incarnation de la bien-aimée, tantôt comme compagnon d’une longue de nuit de rendez-vous, ou comme témoin d’un moment de délices amoureuses… Je me dis que les poètes hassanophones n’ont pas eux célébré la lune. Pas un gaav, pas une tal’a où l’on retrouve une évocation heureuse (ou malheureuse de la lune). Cherchez dans les plus grands répertoires des plus grands poètes, vous ne trouverez rien pour consacrer la lune et sa beauté. Pourtant la plus belle nuit pour nous est celle où la lune est pleine. Mais seulement quand on parle, quand on raconte. Pas quand on compose. Pourquoi ?
J’ai cherché et je n’ai pas trouvé. Il y a quelques années j’en discutais avec un poète hors catégorie. Nous n’avions trouvé qu’une seule réponse que je permets d’évoquer ici par pure provocation.
En réalité dans la manière de gérer les relations amoureuses dans la société Bidhâne traditionnelle, la lune n’est pas un allié de l’amoureux qui se faufile en pleine nuit, profitant de la pénombre, contournant les espaces animés, pour rencontrer la dulcinée. Parfois la démarche demande tout un art du camouflage parce que l’amoureux doit se rendre sous la tente où dort l’aimée, pour l’y réveiller, discuter et flirter éventuellement.
Dans ce cas il faut dire que la lune n’est pas ce compagnon qui éclaire des moments heureux, mais un ennemi qui met à nu des manigances qui auraient dû rester cachées. Alors nos poètes hassanophones ont décidé de faire la …tête à la lune qu’ils ont exclue de leurs nombreuses sources d’inspirations. Voilà probablement pourquoi, le poète hassanophone peut chanter la lune dans un poème en Arabe classique, mais jamais en dialecte Hassaniya.
A méditer pour les jeunes.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire