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samedi 1 septembre 2012

L’affaire Mussa Sadr


C’est un vieux dossier qui pourrait trouver son dénouement en Mauritanie. Le 31 août 1978, l’Imam Mussa Sadr, un chef Chiite libanais, disparaît sans laisser de traces, en même temps que ses deux collaborateurs qui l’accompagnaient au terme d’un périple dans les pays arabes en vue de plaider pour un sommet au lendemain de l’occupation du Sud-Liban par les forces israéliennes (mars 1978).
Les autorités libyennes ont toujours soutenu que l’Imam Sadr avait quitté le pays pour l’Italie. Ce que le gouvernement italien a toujours réfuté.
L’Imam Mussa Sadr est une autorité du Chiisme, mais aussi l’une des plus grandes figures politiques et religieuses du pays du cèdre. Là-bas, ce philosophe et exégète du Chiisme avait promu un dialogue interconfessionnel. Poussant le sens de l’ouverture jusqu’à assister, en 1963, à l’intronisation du Pape Paul VI. Il est le premier Chiite (et le seul) à participer à un tel évènement. Autre signe : sa présence lors de l’inauguration de la cathédrale Saint-Louis de Beyrouth.
Il a usé de son charisme et de son aura pour stopper la guerre civile qui a détruit le pays en ces années sombres. Il est même allé jusqu’à décréter une grève de la faim pour protester contre la constitution d’une milice de confession chiite (Amal). C’est dire que sa disparition avait suscité un grand émoi dans les milieux progressistes arabes et particulièrement dans son pays.
A-t-il été tué par Kadhafi sur demande des Syriens et des Palestiniens qui le percevaient en adversaire ? a-t-il été liquidé suite à une altercation avec les autorités libyennes déjà fortement marquées par les humeurs pathologiques de Kadhafi ? Personne ne peut répondre même si, en février 2011, l’Ambassadeur libyen auprès de la Ligue Arabe, avait déclaré qu’il avait été tué et enterré non loin de la ville libyenne de Sebha. Au Liban, la question est toujours d’actualité.
C’est pourquoi, le pays de Sadr fait des démarches auprès des autorités mauritaniennes pour avoir de nouvelles informations par Abdallah Senoussi, l’ancien chef des renseignements libyens arrêté à Nouakchott dans la nuit du 16 au 17 mars 2012. Surnommé «la boîte noire de Kadhafi», Senoussi pourrait effectivement avoir quelques renseignements là-dessus, lui qui a été de toutes les basses besognes. Comme quoi la position du gouvernement mauritanien était plutôt juste.
En effet, en acceptant de livrer Senoussi avant de «faire le point» avec lui, la Mauritanie se serait privée d’une mine d’informations concernant l’histoire du Monde arabe et musulman, mais aussi des Amériques, des mouvements de libération et des activistes de partout… Il faut seulement se demander si les Mauritaniens ont été intéressés par soutirer à Senoussi tout ce qu’il sait sur les agissements libyens dans le Sahel, au Sahara, au Moyen-Orient, en Afrique de l’Ouest, du Centre et de l’Est, en Asie et en Amérique. Si c’est le cas, ce ne sont pas seulement les Libanais qui seraient attirés par les services mauritaniens. Sinon, ce serait dommage.

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