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mardi 17 juillet 2012

Le retour de Ould Maouloud


Permettez-moi, chers lecteurs de partager avec vous l’éditorial de l’édition de la semaine passée de La Tribune :
«L’évènement politique majeur de cette semaine est sans doute le retour au pays de Mohamed Ould Maouloud, président de l’Union des forces du progrès (UFP), composante essentielle de la Coordination de l’opposition démocratique (COD). Pourquoi le retour de cet homme peut être un tournant dans le processus politique ?
La personnalité et le parcours de Ould Maouloud font de lui l’un des principaux «politiciens», au sens du compromis, de la manœuvre, de l’intelligence, de l’opportunité, de l’engagement…, bref de tout ce qui fait un homme politique et qui l’empêche de tourner dans le vide, de faire du surplace et/ou de tourner en rond.
C’est pourquoi son absence pendant les longs mois qu’il est resté à se soigner à l’étranger, ont certainement dû peser dans les positionnements politiques. Notamment de l’opposition dont il est un élément essentiel. Mais comment l’absence d’un homme peut-elle autant peser ?
Ould Maouloud est entré très jeune à la politique. Il a été opposant du temps de Moktar Ould Daddah, puis du régime militaire. Son statut de président du Mouvement national démocratique (MND) l’a mis au-devant de l’activisme, dans ses deux phases : la clandestine et la visible à travers les partis.
Le MND, avec le MDI (mouvement des démocrates indépendants) animés par les jeunes qui créeront plus tard Conscience et Résistance, comptent parmi les (très) rares organisations politiques qui ont dénoncé, en leur temps, les évènements de 89 et ceux de 90 et 91. Mohamed Ould Maouloud avait marqué le coup. Il fera partie des personnalités ayant «bougé» pour provoquer la démocratisation de la vie publique. A travers les pétitions, puis l’action.
Quand le pouvoir de Ould Taya se décide, son mouvement fait partie du regroupement qui crée le Front démocratique pour l’unité et le changement (FDUC) qui donnera plus tard l’Union des forces démocratiques (UFD), principal parti d’opposition ayant pu canaliser l’ensemble des forces opposées au régime de l’époque. Les guerres intestines, les ambitions des uns et des autres, mais surtout les différentes appréciations de la situation géopolitique par les leaders auront raison du parti, devenu entretemps l’UFD/ERE NOUVELLE après l’union avec les partisans d’Ahmed Ould Daddah, candidat aux présidentielles de 1992.
Avec ses amis, il crée l’Union des forces du progrès (UFP) qui prône immédiatement le dialogue avec le pouvoir de Ould Taya.
Mais il va falloir attendre avril 2005 pour qu’une sorte de forum s’ouvre sous la houlette du Rassemblement pour la démocratie et l’unité (RDU) de Ahmed Ould Sidi Baba, cousin de Ould Taya. Ce forum se veut un lieu de convergence entre les partis dits «de la Majorité» et ceux de l’opposition, à mille lieues les uns des autres.
Le «compromis historique» est une attitude mentale chez ceux de l’UFP qui croient très fort aux vertus du dialogue. Ce sont eux qui poussent vers l’ouverture du gouvernement Waghef II en 2008, puis vers les Accords de Dakar. C’est d’ailleurs Mohamed Ould Maouloud qui a dirigé la délégation du pôle du Front national pour la défense de la démocratie (FNDD), farouchement opposé au coup d’Etat d’août 2008. Il est mis en minorité par ses partenaires et, comme eux, le parti glisse vers le radicalisme qui devait aboutir à l’exigence du départ de Ould Abdel Aziz du pouvoir, après le refus de reconnaitre purement et simplement les résultats de l’élection.
Quand Ould Maouloud a été malade, on était au tout début du processus du dialogue qui devait aboutir à l’engagement de quelques partis de la COD et du refus par les autres de cette démarche. Tous les mois où les manifestants de la COD ont crié «Aziz, dégage !», Ould Maouloud était très malade à l’extérieur. Privant son parti et ses partenaires de la COD de son expérience et de ses capacités en politique. En quoi peut-il aider à décrisper la situation ?
L’échec et l’incohérence de la démarche visant à faire partir un président élu au terme d’une élection consensuelle, sont de plus en plus évidents. Tout comme l’incapacité de l’opposition radicale à imposer son point de vue.
La barre a été placée si haut qu’on voit difficilement l’ouverture d’une quelconque convergence entre les protagonistes de la vie politique en Mauritanie. L’idée de mise en place d’un gouvernement d’union est pleine de risques pour le pays et personne, à part ses promoteurs, ne semble la trouver bonne. D’ailleurs comment peut-on passer d’une attitude de rejet absolu et résolu, vers une franche collaboration ?
Nous en sommes là et c’est à Ould Maouloud de trouver la parade qui convient pour ramener ses amis à la table de négociations au moment où le pays est menacé par le péril qui nous vient du Nord malien».

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