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samedi 14 avril 2012

Le dialogue, pas la guerre


Ce qui suit est une reprise mise à jour de l’éditorial de l’édition de la semaine passée.
Le 2 avril dernier, le bureau politique du MNLA déclare : «Nous rassurons les États voisins, les populations de la sous-région et la Communauté Internationale que la libération de l’Azawad contribuera à renforcer la sécurité, le développement et la paix pour une meilleure intégration des peuples, des cultures et une meilleure stabilité dans la zone saharo-sahélienneQuelques jours plus tard, le MNLA déclarait l’indépendance de l’Azawad.
Quelle menace plus grave pour la sécurité, la stabilité et la paix de la région ? D’ailleurs aucun pays de la région, aucune organisation régionale n’a accepté de se taire là-dessus : tout le monde a dénoncé l’option choisie par le MNLA. Notre pays est l’un des premiers à réagir à cette malheureuse décision. L’hostilité des uns et des autres était attendue. Le principe sacro-saint du respect de l’intangibilité des frontières héritées de la colonisation étant le fondement de la Charte de l’Union Africaine. Ceci dit, qu’attend le MNLA de cette déclaration ?
Le mouvement touareg est le premier à savoir qu’il ne contrôle que quelques centres urbains de la taille de Léré, sinon les espaces sahariens. Les grandes villes sont aux mains des factions islamistes. Qu’elles soient dirigées par des Touaregs comme Ançar Eddine, ou par des Arabes maliens comme le mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (MUJAO). Publiquement parrainés par AQMI, ces mouvements ne sont que des démembrements de la nébuleuse qui a instauré l’état de non-droit dans le nord malien.
Profitant de la faiblesse du pouvoir central, corrompant son administration et son armée, prenant en otage les populations délaissées à leur sort, AQMI a su développer un discours qui semble «prendre». On est en passe d’assister à la création d’un Emirat islamique où s’appliquerait la Chari’a et qui serait la base de départ du jihad vers les autres pays ouest-africains. Un rêve chez les salafistes jihadistes qui risque de se concrétiser dans les jours qui viennent.
Pour le MNLA, il fallait aller vite pour s’imposer comme interlocuteur incontournable dans l’évolution proche. Il lui reste en effet d’être considéré comme un partenaire dans une éventuelle expédition guerrière contre les organisations terroristes qui ont fait main basse sur le Nord du Mali.
Très attendue, la réunion des pays du champ (Algérie, Niger et Mauritanie) n’a pas eu le courage d’aller au bout de la logique qui la retient. Même si elle appelé au dialogue d’abord, elle a envisagé une action militaire ultérieure. Là où elle a péché, c’est quand elle a jugé l’action des pays du champ complémentaire de celle de la CEDEAO. Celle-ci n’a pas de rôle autre que celui qu’elle a déjà joué et qui a d’ailleurs le rétablissement de la constitutionnalité au Mali. Le reste ne peut être de son ressort.
L’on note d’ailleurs une forte résistance de l’Algérie, du Niger et de la Mauritanie à toute intervention militaire extérieure au Mali. La réunion aurait dû rappeler à la France, aux pays occidentaux en général, que tout ce qui arrive aujourd’hui était prévisible. Notamment avec l’utilisation excessive de la force et l’engagement inconsidéré en Libye.
Bien avant que l’OTAN ne s’emballe, des voix africaines s’étaient élevées pour mettre en garde contre les conséquences sur toute la région de l’aventure guerrière en Libye. On doit rappeler les prises de position de l’UA et de son Conseil de Paix et de Sécurité (CPS) que la Mauritanie dirigeait à l’époque.
A qui la faute ? A tous ceux qui ont tenu à larguer des bombes sur les forces de Kadhafi pour, soi-disant, protéger le peuple libyen et instaurer la démocratie.
A l’instar des populations du Nord malien, le peuple libyen est aujourd’hui otage de factions armées dont les moins redoutables sont celles qui affichent publiquement leur appartenance à Al Qaeda. Ce dont on a peur aujourd’hui c’est de voir se faire la jonction entre les groupes AQMI basés au nord du Mali, et ceux de leurs frères d’armes (et d’idéologie) qui ont pris possession de régions libyennes entière. Qui faut-il alors sermonner ?  

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