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vendredi 9 mars 2012

«Révolution arabe», «printemps arabe»…


Où est-ce qu’on en est ? La «révolution» tunisienne fut la première à fêter son anniversaire I. Elle est sans doute la plus accomplie. Elle a entrainé la chute du dictateur qui a sévi plus de 23 ans. Elle a ouvert la voie à des élections libres qui ont vu le Parti Ennahda, islamiste modéré, arriver en tête sans pour autant perdre… la tête. L’expérience de son idéologue Rachid Ghannouchi et son pragmatisme lui ont fait accepter de composer avec les autres. D’entamer ainsi une transition qui peut prendre le temps d’une transition, c’est-à-dire autant de temps qu’il faudra pour que la Tunisie retrouve la stabilité et la quiétude qui peuvent lui permettre de reprendre avec la croissance, avec l’espoir d’aller de l’avant, avec le meilleur système éducatif de la région, le meilleur système sanitaire, le meilleur système social.
La Tunisie qui a le potentiel humain, devra cependant éviter les dérives dont les risques sont déjà là. Avec notamment cet activisme «débordant» des salafistes, ces tentatives de revenir sur des acquis de Modernité (place de la femme, de l’éducation moderne…) et aussi les dommages collatéraux du théâtre libyen. Quand la Tunisie aura dompté ses démons, aujourd’hui en phase d’excitation, on parlera alors d’un cheminement révolutionnaire qui aura abouti à une démocratie apaisée.
En Egypte, de quoi va-t-on parler ? d’une résurgence de l’ancien régime à travers la trop forte présence de l’Armée ? d’un blocage social à cause de la récupération politicienne de la «révolution» qui n’a pas dépassé le stade d’une rupture sociale ? d’un foisonnement qui va peut-être donner quelque chose de mieux que ces conservatismes qui ont profité du désarroi des électeurs et de leur crédulité ? de tout sauf d’une révolution ou d’un printemps.
Point de fleurs écloses, point d’oiseaux chantant, point d’herbe qui verdoie… Rien de ce qui donne un printemps n’est là. Même s’il est vrai qu’on a changé de saison. Mais comme si on changeait de partenaire au cours d’une danse endiablée dont les pas s’accélèrent sans que le rythme change…
En Libye, en Syrie et au Yémen ce sont des guerres auxquelles nous assistons. Guerres civiles ou révolutionnaires ou de libération… des guerres quand même. Rien que des ressentiments en plus, des frustrations accumulées, des haines particularistes…
Nous reste que le Bahreïn, le pays oublié de tous. D’Al Jazeera qui l’ignore parce que le Qatar craint la contagion. De l’Arabie Saoudite qui a envoyé ses troupes réprimer les manifestants. De l’Occident qui n’a pas d’intérêt immédiat dans ce petit royaume sans richesses. De Cheikh Youssouf Qaradawi, inspirateur et bénisseur de ces «révolutions», et qui a peur que la majorité chiite du royaume ne se libère de l’hégémonie de quelques 20% de sunnites qui ne veulent pas partager le pouvoir, qui ne veulent pas abandonner une portion du pouvoir… Ce que les manifestants de Nouakchott dénoncent quand il s’agit de la Syrie – une minorité alaouite qui opprime une majorité sunnite -, c’est exactement ce qui arrive au Bahreïn. Dans l’indifférence totale…
Alors, elle est où la révolution arabe ? Il est où le temps des printemps ? 

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