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dimanche 18 mars 2012

De la «tazouba»


La «tazouba» est une notion cultivée par les marabouts dans l’espace Maure. On explique qu’il s’agit d’une Justice Immanente qui finit par venger l’arbitraire dont peut être victime le plus faible. Au début, il s’agissait en fait d’une sorte d’assurance que l’idéologie maraboutique avait cultivée pour compenser – ou tempérer – la victoire des guerriers Hassanes. Pour nombre d’entre nous, seul le marabout «izabi», parce qu’on a fait tailler un verbe à partir du nom «tazouba». D’où cette boutade que nous entendons partout : «izabi il maabouh shriif», un peu pour dire que ce n’est pas l’origine qui vous assure de profiter de cette Justice Immanente. Tout celui qui subit injustement un préjudice peut en fait en profiter. On peut y croire ou pas, c’est un concept très présent dans notre culture, même celle d’aujourd’hui. Un peu pour s’amuser, un peu pour expliquer l’inexplicable, nous avons souvent recours à l’expression «hadha muzabi» quand quelqu’un agit en dehors de toute logique, ou quand toutes ses entreprises sont vouées à l’échec.
L’autre soir, au cours d’une discussion autour d’un thé, avec quelques-uns de nos compatriotes exilés «économiques» au Koweït où ils travaillent dignement et en entretenant une belle image de notre pays et de ses habitants (sérieux, compétence et sociabilité), au milieu de ces compatriotes et au milieu d’une discussion autour des erreurs et des parcours politiques des uns et des autres, j’ai dû faire recours au concept de «tazouba» pour expliquer l’inexplicable.
Je disais que l’élite du pays, le pays lui-même, a été sujet de la «tazouba» de Mokhtar Ould Daddah qui a été vite oublié par tous, qui a été même vilipendé à une certaine époque. On n’efface pas facilement une page de l’Histoire d’un pays ou d’une société sans culpabiliser. Cette culpabilisation suffit à elle seule pour annuler tous les efforts… une explication acceptable peut-être pour vous…
Sidi Ould Cheikh Abdallahi a subi la «tazouba» d’Ahmed Ould Daddah, son alter ego qu’il dribblé en acceptant de jouer le jeu des militaires en 2007. Lequel Ould Daddah a subi la «tazouba» de Ould Cheikh Abdallahi pour avoir participé à sa démission du pouvoir. C’est certainement la «tazouba» de Ould Daddah qui poursuit ceux de l’UFP, de Tawaçoul, de l’APP, du RDU, de ADIL, du PRDR… pour l’avoir soit trahi à un moment, soit empêché de réalisé son dessein suprême…
Et tous, parce que chacun de nous est poursuivi par une «tazouba», tous, nous sommes poursuivis par la «tazouba» de la Mauritanie… 

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