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mercredi 29 février 2012

Le verre à moitié plein…


A Nouadhibou, l’activité reprend. C’est une ville qui revit. La circulation de l’information et la multiplicité des débats lui donnent l’image d’un gros village. Dans chaque salon, dans chaque espace dédié à la discussion, on retrouve les mêmes thèmes. Le foisonnement social et politique est à son comble dans la perspective de la visité présidentielle prévue le 13 mars.
Ce matin on a appris que la mission de l’UPR, parti au pouvoir, ne viendra pas jeudi mais qu’elle tiendra une réunion à Nouakchott. On veut bien faire entendre que le parti ne cherche pas à exploiter la visite, qu’il n’a demandé aucune aide financière des hommes d’affaires, qu’il ne mobilise que les militants… Quelqu’un oppose que si les résultats de l’implantation étaient authentiques, et si chacun des 42000 adhérents du parti se mobilisait lui-même, on aurait le plus grand meeting de l’histoire politique du pays.
Mais au-delà des ressentiments, des discussions politiques enflammées, on sent la vie reprendre le dessus. Il y a quelques mois, on disait de Nouadhibou qu’elle s’abandonnait à un sort inéluctable : celui de se retrouver ensevelie sous la poudre dégagée par les usines de farine de poisson chassées d’autres contrées et trouvant la possibilité de s’établir ici. Chômage, rareté de la ressource, basse de l’impact des sociétés minières… Assez pour créer une atmosphère de morosité. Aujourd’hui l’activité reprend.
A l’hôtel Sahel où je suis, la présence massive d’européens est surprenante. On m’explique qu’il s’agit essentiellement d’opérateurs espagnols venus prospecter le marché du poisson et, pour certains, celui des services pour les sociétés minières surtout Tasiast qui commence à avoir une réelle incidence sur la région. On me dit qu’elle a lancé la construction de 3000 logements près de sa base, sur la mer pour héberger ses travailleurs expatriés au lieu de continuer à louer pour eux sur les Iles Canaries.
La SNIM, par l’intermédiaire de sa Fondation, va lancer la construction d’un hôpital moderne. La ville est quadrillée de routes renforcées en attendant d’être goudronnées. Partout des engins et de l’activité. Les bidonvilles ne sont plus visibles, du coup la misère frappe moins le regard.
Les opérateurs du tourisme se plaignent de la concentration des formalités au point d’entrée à la frontière nord. «Les touristes qui ont déjà perdu quatre jours pour avoir les visas à Paris ou à Rabat, sont pressés de quitter la région et ne passent pas par Nouadhibou». Ils souhaitent qu’il y ait une formalité (assurance, visa…) qui les obligerait à passer ici.
Depuis toujours, Nouadhibou est «plus ville» que Nouakchott. Les gens ont une conscience de quartier, le sens de l’anonymat, de l’individualité, en même temps le respect de l’autre… Pourtant cela n’empêche pas ces jours-ci la résurgence des particularismes régionalistes. Les autochtones face aux allochtones. Les gens du Hodh, ceux de l’Assaba, ceux du Trarza, du Brakna, de l’Adrar, du Gorgol, du Guidimakha… chaque groupe se réunit en fonction de l’appartenance régionale. On coordonne en fonction de cela. On fait des collectes…
La ruralité a fini par rattraper la ville qui devait être à l’avant-garde de la Modernité, négation de ces considérations sectaires.

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