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lundi 6 février 2012

La nature nous rattrape


A Wadane le mauvais temps est au rendez-vous : poussière et froid perçant. A midi, la température enregistrée est de 9°, celle ressentie doit être bien plus basse. En plus le vent de poussière aveugle et salit. Les tentes où les expositions devaient se dérouler tombent les unes après les autres. Le tir à la cible est compromis par la visibilité. La fête se gâte.
Mais là où la nature nous rattrape vraiment, c’est au niveau de la forte résurgence des tribus et du tribalisme. La fête se transforme rapidement en une compétition tribale où chaque ensemble entend faire la démonstration qu’il est le seul fondateur de la ville.
Les Kounta, l’un des plus grands ensemble du Sahara, semblent avoir tiré leur épingle du jeu. Quand le Président entame sa visite de la vieille ville (aujourd’hui abandonnée), c’est bien chez eux qu’il «descend» d’abord. Au niveau de ce qu’on appelle ici «Errouhba», une agora qui aurait été le centre-ville, là où tout se décide : lieu où s’exerce l’autorité des cadis et où les sentences sont exécutées, il est aussi lieu de rencontre et d’échanges. Le Président est invité à entrer dans la maison d’Ehl Choummad, celle d’Ehl Lahah et celle d’Ehl Sidaty. Trois frères qui se seraient distribué les rôles au moment où la ville vivait son âge d’or.
Les Idewelhaj, avec la «rue des quarante savants», sont dépositaires d’une légitimité liée à l’épanouissement culturel de la ville. Ils sont venus de partout pour donner un cachet particulier à la manifestation qui est une sorte de ressourcement pour eux.
Les Chorfas qui pensent que leurs ancêtres ont été les premiers à introduire Shaykh Khalil dans le cycle de l’enseignement traditionnel des Mahadras de Wadane. Et autour desquels s’est constitué un conglomérat hybride de tribus.
Les Tajakant qui sont venue rappeler que Tinigui, leur «source» d’origine n’est pas loin. Du coup, le coup de force a été d’introduire la notion de «villes anciennes abandonnées» qui doivent bénéficier de la même attention que «les villes anciennes encore habitées». Parmi ces villes anciennes abandonnées figure bien sûr Tinigui qui a vu éclater la guerre qui sera la cause de l’exode de la tribu vers le sud. Du coup, les Tajakant se retrouvent disséminés dans tout le Sahara oriental : de Tindouf au centre de l’Azawad, en passant par la Mauritanie.
L’activisme de ces grands ensembles et les moyens déployés pour se faire voir ont sensiblement éclipsé les vrais habitants actuels de la ville. Dommage. Ce sont bien ces gens qui triment pour rester sur place, pour maintenir un semblant de vie dans un coin qui semblait à jamais perdu pour une Mauritanie qui a décidé de tourner le dos à son Histoire.

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