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mercredi 8 février 2012

Civilisation, ma mère


Contrairement à ce que dit l’idéologie de gauche, «toutes les civilisations ne se valent pas». C’est ce qu’a dit Claude Guéant, le ministre français de l’intérieur. Ces propos ont soulevé un tollé qui a finalement eu raison du «calme» de l’hémicycle après le lien fait par un député socialiste entre ce que dit le ministre et les idéologies qui ont donné le nazisme. Polémique au milieu d’une campagne présidentielle qui a commencé effectivement depuis quelques semaines.
Pourtant tout propos visant la comparaison entre les civilisations procède nécessairement de la logique qui a conduit Gobineau à élaborer sa théorie des races qui a fini par inspirer les idéologies dont l’une des manifestations fut le national-socialisme. On sait ce que cela a donné. Le député des DOM & TOM qui l’a interpellé là-dessus avait bien raison. D’autant plus que cette démarche allait justifier les affres de la colonisation et de la traite négrière dont les ancêtres du député en question furent victime. Les airs faussement scandalisés des amis de Claude Guéant n’y feront rien : tout propos comparatif de civilisations – surtout si c’est pour dire que l’une est meilleure que l’autre qui est au-dessus d’une autre…- tout propos du genre renvoie nécessairement aux fondements des idéologies racistes et sectaires.
Quand, en classe de terminale, on nous faisait réfléchir autour du célèbre «nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles» (Paul Valéry au lendemain de la grande guerre), on ne pouvait s’empêcher de donner cette définition de la civilisation d’Emile Durkheim : «Toute civilisation prend à l’intérieur de chaque peuple, de chaque Etat, des caractères particuliers mais les éléments les plus essentiels qui la constituent ne sont la chose ni d’un Etat, ni d’un peuple : ils débordent les frontières, soit qu’ils se répandent, à partir des foyers déterminés par une puissance d’expansion qui leur est propre soit qu’ils résultent des rapports qui s’établissent entre sociétés différentes et soient leur œuvre commune. La civilisation est une sorte de milieu moral englobant un certain nombre de nations, chaque culture nationale n’étant qu’une forme particulière du tout». On finissait toujours par développer vers le concept de la civilisation de l’Universel, là où l’on aboutit fatalement à la conclusion que toutes les civilisations se valent justement. Et qu’elles procèdent d’un tout.

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