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mardi 31 janvier 2012

La guerre des mots


Si l’on s’en tient à ce qui a été rapporté par les agences de presse et les comptes-rendus faits par certains sites de la plénière de lundi au niveau de l’Assemblée nationale, on ne peut comprendre le clash qu’il y a eu.
D’abord l’atmosphère. Les députés doivent se prononcer sur le nouveau texte régissant la HAPA, l’une des conséquences (l’un des résultats) du dialogue entre Majorité et certains partis de l’Opposition démocratique. Mais le débat ne portera pas sur la nécessité d’indépendance de l’institution (l’arracher aux politiques pour la donner aux professionnels du métier), ni sur l’élargissement de ses prérogatives, ni sur la précision de sa mission… et n’était l’intervention finale du ministre de la communication, le public aurait pu décrocher sans avoir compris de quoi il s’agit. Qu’à cela ne tienne !
Les députés ont voulu faire de cette séance un prétexte. Les uns pour dénoncer le dialogue et ses promoteurs, les autres pour se défendre. De fortes accusations ont été lancées : la dialogue aurait servi à diviser l’Opposition, l’instrumentalisation d’une partie de l’Opposition contre une autre était l’un des objectifs du régime, la traitrise des uns a servi les desseins machiavéliques des autres…
Je retiendrai ici l’intervention de Me Boddahiya, député APP de Nouadhibou, laquelle a placé, à mon sens, le processus dans son cadre réel. L’avocat qui est l’une des révélations de cette législature, a expliqué qu’il n’y a pas lieu de les accuser d’avoir trahi qui que ce soit ou d’avoir servi les desseins de qui que ce soit. Expliquant qu’il s’agit d’un processus entamé d’un commun accord par la Coordination de l’opposition démocratique dans son ensemble. A un certain moment, et pour des raisons qui leur sont propres, des partis ont décidé de ne pas s’impliquer dans ce processus. Le dialogue a eu lieu malgré cela. Et il a eu des résultats probants concernant tout ce qui est gouvernance politique (rééquilibrage des pouvoirs, introduction de réformes politiques fondamentales, création d’une CENI réellement indépendante et forte, garantie de neutralité de l’administration…), plus de contrôle de la gestion économique et surtout meilleure prise en charge des problèmes sociaux (esclavage notamment).
Le député APP a rappelé que dans les années 90 et 2000, le parti UFP de Moustapha Ould Bedredine avait engagé un dialogue, «en catimini», avec Ould Taya, sans garantie aucune et sans résultat aucun. Faisant un historique des relations inter-Opposition, l’avocat a rappelé qu’en 2007 son parti a soutenu Ould Cheikh Abdallahi alors que l’UFP est parti dans le camp de Ahmed Ould Daddah, qu’en 2008 l’UFP et Tawaçoul ont accepté de participer au gouvernement Waghf I, qu’en 2008 le RFD de Ould Daddah a soutenu le putsch alors que son parti, Tawaçoul et l’UFP l’avaient combattu. Ce qui, devait-il conclure, ne nous a jamais fait dire qu’il y a trahison : il fallait comprendre que toutes ces prises de positions étaient dictées par des raisons personnelles et des situations particulières de chacun des partis.
C’est dans la même direction qu’est allé aussi le député Mohamed Ould Babana (le benjamin de Barkéwol). Allant jusqu’à préciser que la transparence qui a caractérisé le dialogue cette fois-ci lui a assuré le succès et surtout en a fait un processus qui profitera à tout le peuple mauritanien et non à des particuliers…
L’atmosphère était déjà électrique quand le ministre Hamdi Ould Mahjoub reprend la parole pour défendre le projet de loi. D’autant plus que le managing de l’Assemblée laissait à désirer ce jour-là. A un moment, le député Ould Bedredine interpelle le ministre pour lui dire qu’il a échoué. Le ministre réplique : «c’est vous qui avez toujours échoué». Commence le cycle de confrontation verbale qui se termine par une menace de retrait des députés de l’Opposition. Menace qui ne sera mise à exécution que quand le ministre aura fini de parler. Comme quoi…

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