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lundi 7 novembre 2011

Lettre à ma sœur


Ceci est un message d’un ami, d’un frère à une amie, à une sœur…
La mort pour nous est une fatalité que nous vivons comme s’il s’agissait d’une nécessité de …la vie. Nous l’accueillons avec philosophie et résignation. Mais une résignation qui a son côté noble et non défaitiste. Comme s’il s’agissait d’un choix que nous assumons, que nous avons toujours assumé, que nous continuons d’assumer.
Chacun de nous voudrait mourir d’une manière donnée, à un moment donné, en un lieu donné. Cette espérance, nous la partageons tous : de mourir à un moment donné, en un lieu donné.
Tous, nous espérons une mort qui soit la conclusion d’une vie pieuse. C’est pourquoi, le meilleur moment pour nous, est celui où nous venons d’accomplir – où nous sommes en train d’accomplir – un acte de dévotion : une des cinq prières quotidiennes, un jeûne de Ramadan, sur la route d’un pèlerinage –à l’aller ou au retour…
Tous, nous espérons répondre à l’appel final en un lieu que nous estimons tous sacré : en terre non souillée, les Lieux-Saints de l’Islam.
Seyid a été rappelé aux côtés du Miséricordieux au moment de finir l’acte de dévotion de choix : tawaf el ivadha qui signe la conclusion d’un Haj, non loin de la Kaaba, Lieu Saint par excellence. Et, en prime, accompagnant sa mère pour lui faire accomplir gestes et mouvements rituels. Pour l’aider à accomplir un devoir religieux qui est absolution. Qui est renaissance. Qui est accomplissement sans être conclusion pour ce qu’il ouvre de perspectives nouvelles à l’être élu…
La conception que nous avons de ce moment est celle qui fait que le pèlerin ressemble à un enfant qui vient de naître. Ni péché, ni antécédents, ni passif… blanc … immaculé…
Jemila,
Tu as toutes les raisons d’endurer, de supporter, d’accepter. N’est-ce pas le comble de la réalisation : avoir à subir la Justice Immanente sans avoir à répondre des faiblesses d’ici-bas.
Tu as toutes les raisons d’être fière de Seyid que tu as su encadrer et éduquer, Seyid qui a su se forger et devenir un Homme.  Seyid qui a eu la plus belle des morts que peut espérer un musulman.
Tu as toutes les raisons de garder cette dignité, cette humilité, cet optimisme qui fait que les malheurs de la vie sont des épreuves qu’on doit savoir passer. Dignité, humilité… des valeurs que tu as toujours incarnées…
Les autres peuvent pleurer, peuvent faiblir. Toi pas.
Au père de Seyid, à toutes les familles, à Maman Khadaja, ce monument de chez nous, à tous ses amis, ses collègues de l’Air, à tous je présente ici mes condoléances les plus attristées.

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