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vendredi 14 octobre 2011

Les vendredis se suivent


En Syrie, au Yémen, les manifestants continuent de mourir sous les feux des forces de l’ordre et des «auxiliaires». Chaque vendredi porte un nom qui inspire la lutte des populations aspirant au changement de régime et de méthode de gouvernement. Chaque vendredi rassemble des milliers de citoyens dans les rues des grandes villes criant «le peuple désire le changement de régime» (echaab youriid taghyiir ennidhaam), parfois «le peuple veut la chute du régime», et à l’adresse de celui qui gouverne et qui refuse de partir : «irhal», une traduction du «dégage» tunisien à l’encontre de Zine el Abidine Ben Ali.
Chaque vendredi donc, la soldatesque (pour reprendre l’ancienne terminologie) tire sur la foule, tuant et blessant des dizaines. Au Yémen, la méchanceté est poussée à l’extrême avec ces gaz lâchés sur les manifestants et qui ont un effet immédiat sur le système nerveux. D’où les images que vous voyez quotidiennement de gens qui s’étranglent, qui se font mal en se tapant sur la tête et la poitrine.
Les deux présidents des deux pays – Saleh pour le Yémen et Assad pour la Syrie – n’entendent pas les millions qui scandent : «irhal» (dégage). Ils sont pris en otage par les oligarchies qui ont su s’approprier l’Appareil répressif de l’Etat en profitant des faiblesses du gouvernant.
En Syrie, c’est le même appareil qui a tenu le pays depuis Assad père qui entoure encore Assad fils. L’intelligence manœuvrière du père a fait de la Syrie un chaînon central dans les équilibres de la région qui est perçue comme une poudrière par les Occidentaux. D’où les hésitations qui n’ont pas valu pour la Libye. Ici, on sait que Bachar Al Assad est capable de mettre la région à feu et à sang si la menace se concrétise. Il en va des équilibres douloureusement acquis. La Syrie a beau être LE pays de «la confrontation» avec Israël, n’empêche que le régime actuel est meilleur allié que n’importe quelle configuration pouvant découler de la victoire de la révolution populaire.
En fait, les révolutions arabes qui pourraient déboucher sur une libération des énergies arabes et sur une plus grande implication des peuples, ces révolutions sont le plus grand danger qui menace l’existence d’Israël. L’Egypte donne déjà la leçon. C’est encore plus vrai pour la Syrie où l’aboutissement de la révolution ne peut signifier qu’un rééquilibrage du pouvoir au profit de la majorité sunnite qui a toujours été l’avant-garde de l’antisionisme dans la région. Au moins par rapport aux Alaouites et aux Druzes dont les positions historiques sont connues.
Au Yémen, c’est la stabilité de l’Arabie Saoudite qui est en jeu. Toute chute du régime yéménite actuelle signifie à terme un écroulement des donnes traditionnelles dans la Péninsule arabique. Non seulement, à cause d’Al Qaeda et/ou des menaces sectaires Chiites qui pèsent à travers les Huthiyine, mais à cause principalement de l’effet d’entrainement dans une région où les enzymes sociales commandent à celles politiques. Avec le Bahrayn en ébullition, l’Arabie Saoudite et ses alliés occidentaux ne peuvent se permettre le risque de perdre le Yémen.
Voilà pourquoi «la communauté internationale» hésite à interférer comme elle l’a fait en Libye. Oubliant que ce qui se passe est inéluctable. Espérant qu’avec le temps, des scénarii «plus sûrs» pourraient voir le jour. Pendant ce temps, ce sont des yéménites, des syriens qui meurent. Chaque jour, encore plus chaque vendredi que Dieu fait.

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