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dimanche 2 octobre 2011

L’école wa maa adraaka maa l’école


Ce dimanche, les écoles mauritaniennes ouvrent leurs portes. Pour recevoir des milliers d’enfants, de tous les niveaux, de tous les milieux. Il y a un mois j’écrivais dans La Tribune (N°563 du 6 septembre) :
«Dans un mois, ce sera l’ouverture des classes en vue de la nouvelle année scolaire. Une année qui viendra s’ajouter aux autres. Sans que du nouveau pointe à l’horizon.
A son arrivée au pouvoir, le Président Ould Abdel Aziz avait promis une profonde réforme du système éducatif à la lumière de la tenue d’états généraux de l’éducation au plus vite. Cette promesse a été reformulée à plusieurs reprises. Et même annoncée pour très prochainement, à chaque fois qu’il en fut question. Et rien jusqu’à présent ! Ce n’est certainement pas au cours du mois de septembre que ces états généraux vont se tenir.
A quoi sert une nouvelle réforme ? En 1999, Ould Taya avait décidé, au terme de ce qui ressemble à un coup de tête, d’adopter une réforme réhabilitant le bilinguisme (Arabe, Français) dans le système éducatif mauritanien. Mais cette réforme n’a jamais été mise en œuvre par les autorités qui l’ont adoptée. Tandis que celles d’après ont tenu à s’en éloigner le plus possible. Et si, aujourd’hui, on se posait la question de savoir s’il y a quelque chose à retenir de cette réforme, si tout n’est pas à relancer. Au lieu de conclure à l’échec pur et simple de cette réforme, pourquoi ne pas la remettre en scelle et voir ce qui cloche ?
La première ambition de l’école mauritanienne doit être de former des mauritaniens capables de faire face aux exigences de la vie moderne, soucieux de préserver et de défendre les valeurs d’une société égalitaire et juste, préparés à vivre en communauté, conscients et fiers de leur diversité… Ce doit être une préparation psychologique du mauritanien de demain.
Pour cela l’école doit être unique pour tous.
De 1979 à 1999, l’école a formé des milliers de Mauritaniens, séparément. Les uns, les Arabes pour la plupart, suivaient le cursus «arabisant». Les autres, les Négro-africains pour la plupart, suivaient un cursus «francisant». Cela participait de la volonté des autorités de l’époque de cultiver l’ignorance chez nous, de creuser le fossé intercommunautaire et de l’instrumentaliser ensuite.
Après vingt ans, on a enfin voulu corriger en remettant les enfants du pays sur les mêmes bancs. C’était le premier souci de l’époque. Mais le souci d’un gouvernement qui était responsable des clivages ethniques par leur instrumentalisation politique.
Après vingt ans, on s’est rendu compte aussi que l’école ne dispensait plus aucun savoir, aucune culture. Quand on dit «bilingue», c’est qu’on ne parle ni l’une ni l’autre des langues. Les formations n’ont rien à voir avec les besoins du pays. A 80%, les diplômés sont titulaires de cursus littéraires et/ou liés aux sciences humaines.
Dans un pays à l’avenir minier certain, comment ne pas chercher à inverser la tendance ? Comment ne pas investir dans la formation professionnelle pour faire la reconversion des milliers de diplômés actuellement sans travail parce que sans débouchés ? Comment ne pas décider la réforme de l’école pour produire des Mauritaniens capables de participer à la construction d’une Mauritanie autre.
Une Mauritanie où le travail est une valeur et non une «déchéance», où le mérite est reconnu, où la sanction existe, où la compétence est promue, où les revenus sont mérités, où les privilèges sont abolis…
L’école est à la base de toutes les refondations que nous espérons. Elle est la porte d’entrée de la Modernité. Qui dit Modernité dit Etat national, citoyen où tout en chacun se reconnait. Dit démocratie où la transparence du jeu politique légitime le statut et les actions. Dit liberté qui garantit l’expression, le regroupement, la manifestation…
Sans une action énergique «inclusive» - pour reprendre un terme cher aux politiques -, on ne peut pas espérer réhabiliter l’enseignement en Mauritanie. Ni réformer le système éducatif. Ni refonder la personnalité mauritanienne de demain.
Peut-être devons-nous commencer par revisiter la réforme de 1999 pour améliorer l’existant et faire l’état des lieux. Pour parer au plus pressé aussi». 

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