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vendredi 28 octobre 2011

Le plus original d’entre nous


Abderrahmane Ould Ahmed Salem, plus connu sous son nom de star «Ahmed Toutou» mérite un hommage appuyé, lui qui réussit depuis quelques années à fêter le cinéma mauritanien… en Mauritanie. Entreprise qui demande un engagement très fort et surtout une foi inébranlable. Ahmed Toutou possède tout pour mener à bien une carrière d’acteur, de créateur, de cinéaste, d’organisateur… dans un pays où la sécheresse de l’environnement a fortement et définitivement marqué les cœurs et les esprits, les durcissant encore plus, au point de ne plus s’émouvoir, de ne plus apprécier le beau et l’original.
Ahmed Toutou n’a en rien été contrarié par cet environnement hostile, par cette hostilité de ses contemporains, hostilité qui s’affiche tantôt par l’indifférence tantôt par le rejet systématique. Il se bat depuis une trentaine d’années – il a commencé très jeune son combat. Il se bat pour avoir un espace de libre expression. D’abord au niveau de la scène théâtral où il a dû livrer une bataille épique pour faire accepter au milieu maraboutique auquel il appartient, sa vocation d’homme de scène. Ensuite à l’écran où il continue de se battre pour imposer le septième art à sa société – une société dont la déconfiture récente a mené au conservatisme …de façade.
Quand on croise Ahmed Toutou, on n’est jamais indifférent. A ceux qui lui reprochent de s’habiller selon les préceptes de la «sape», ou de se comporter publiquement comme il veut, à ceux-là j’objecterai que Abderrahmane Ould Ahmed Salem est sans aucun doute l’homme le plus original de ce pays, qu’il assume cette originalité dont il fait un combat et que, pour cela encore, il mérite tous les hommages.
On ne s’appelle pas Ahmed Toutou pour rien. Surnom mérité d’un artiste qui sait nous faire rêver, qui nous pousse à libérer notre imaginaire, à nous libérer nous-mêmes des contingences d’un monde pourri par l’argent, la flagornerie, le faux et l’usage de faux.

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