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dimanche 4 septembre 2011

Que faire «pour» la Syrie ?


«Osez-vous somnoler à l’ombre d’une heureuse sécurité, dans une vie frivole comme la fleur du jardin, alors que vos frères de Syrie n’ont plus pour demeure que les selles de chameaux ou les entrailles de vautours ? Que de sang versé ! Que de belles filles ont dû, de honte, cacher leur doux visage dans leurs mains ! Les valeureux Arabes s’accommodent-ils de l’offense et les preux Persans acceptent-ils le déshonneur ?»
Peut-être que ceux parmi nous qui ont lu le merveilleux récit des croisades vues par les Arabes de son auteur Amin Maalouf, auront reconnu cet appel du Cadi Abu Saad Al-Harâwi lancé dans la cour du Khalife de Baghdad en 1099. Les croisés avaient déjà occupé une partie du Sham et commis des massacres qui resteront dans les mémoires un millénaire après.
A la vue de ce qui se passe actuellement à Homs, Alladhiqiya (Lattaquié), Damas, Hamma, Deyr Zour…, on serait tenté de reprendre le même appel au secours. Même si ceux qui commettent aujourd’hui le crime sont les fils du pays.
Qui viendra au secours des populations syriennes ? Les Arabes ? Quelle légitimité pour cela ? Quelles forces ? Quelle cohésion ? Quelle direction ?
L’Occident quant à lui n’est pas prêt à risquer les équilibres savamment obtenus dans une région-poudrière où toutes les guerres (religieuses, ethniques, idéologiques) restent probables. Après tout, il n’a certainement pas oublié que les Alaouites, minorité au pouvoir à Damas, sont ses alliés historiques malgré l’épisode, plus ou moins récent, du parti Baath version Damas. Culturellement, politiquement et même militairement, sionisme et impérialisme ont toujours su exploiter la haine nourrie par les Alaouites à l’encontre des autres composantes musulmanes, largement majoritaires dans la région. Réflexe primaire du plus petit nombre.
La Syrie n’est pas la Libye, en terme de ressources pétrolières. En terme aussi de position géostratégique. La Libye est aux portes de l’Europe. La Syrie en est séparée par la Turquie, dans une certaine mesure.
La Syrie est beaucoup plus «compliquée à gérer» que la Libye. Une attaque frontale contre ce pays signifie une attaque contre le Hezbollah libanais, contre l’Iran. Il faut donc attendre de faire redistribuer les cartes dans la région avant de le décider.
La Syrie qui se meut dans un environnement hostile et qui a pu, malgré certaines accointances avec l’Occident mais aussi l’occupation «indéfinie» du Golan, se présenter comme le dernier bastion du refus face à l’hégémonie d’Israël et de ses parrains, cette Syrie-là a acquis des réflexes de survie qui lui permettent aujourd’hui de faire face à ses ennemis. Quitte à mater dans le sang ce que le pouvoir considère être «l’aspect intérieur de la conspiration» et qui n’est que l’expression de la soif de liberté d’un peuple qui n’a que trop souffert.
Personne ne veut vraiment se porter au secours du peuple syrien qui vit une lente «liquidation». Mais cela donne-t-il au pouvoir actuel un regain de légitimité ? empêchera-t-il les populations de se rebeller contre l’injustice ? Ni l’un ni l’autre.

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