Pages

vendredi 30 septembre 2011

Le «marché noir» de la politique


Ce n’est pas un jeu de mots. Ce serait ignoble, plus que mal venu. C’est juste une façon d’exprimer la tendance chez nos politiques de vouloir tout exploiter afin d’aboutir à quelques desseins souvent égoïstes parce que prenant en compte d’abord et avant tout le positionnement et l’intérêt personnels. Reléguant du coup l’intérêt général au second plan. Il n’est plus que prétexte.
Le «marché noir» de la politique est un exercice très ancré au sein de notre personnel. Hérité des pratiques des mouvements clandestins des années 60 et 70, ce champ d’opérations a eu son âge d’or avec la stratégie de la «scissiparité». Une stratégie qui a dicté aux mouvements politiques traditionnels, d’inspiration nationaliste ou gauchiste en général, de toujours chercher la proximité du pouvoir. Se scindant en deux parties chacun, ces mouvements se retrouvaient dans l’entourage immédiat du pouvoir et dans l’encadrement de la rue. Ceux qui sont dans les rouages de prise de décision, actionnent, quand il le faut, ceux qui tiennent les syndicats, les organisations estudiantines, la rue…
Comme pour un iceberg, il y a toujours un aspect visible du mouvement et un aspect «sous-marin». Nous allons dire que cela a convenu un bon moment, créant du coup cette tendance chez nos politiques traditionnels de toujours chercher un «appui sur le pouvoir» (traduction directe du concept en dialecte).
Les mouvements sont devenus groupuscules puis sectes. Les uns appuyant les pouvoirs pour réprimer les autres. Chaque mouvement a eu droit à un tour dans les geôles en trente ans d’exercice «sorcier» de la politique.
Mais quand la libéralisation politique est arrivée, et que les partis politiques sont nés, les vieilles habitudes sont restées. Ce qui explique en partie les attitudes controversées de certains face aux changements intervenus ces six dernières années.
La vérité du «marché politique» n’est jamais celle qui est visible. Elle se trouve dans la face cachée de la scène. Et l’objet est non pas de faire aboutir une cause, mais d’affaiblir un pouvoir pour le rendre demandeur d’un soutien de la part des intermédiaires traditionnels de la politique.
Ce n’est pas par hasard si l’on vous bombarde ces jours-ci d’informations concernant «notables», «élus», «cadres» de la Vallée qui s’en vont sur place «en mission d’apaisement». Mais le rôle de ceux-ci ne doit pas être celui-là. Il doit être celui de protéger les populations, de les soutenir en cas de besoin. Protéger et soutenir supposent la constance aux côtés de ces populations. Vous ne verrez nulle part des questions posées à ces «pompiers de dernière heure» : pourquoi vous n’avez pas été là quand il fallait expliquer que l’enrôlement est une opération qui n’exclut personne, qu’il est dans l’intérêt de la Mauritanie et des Mauritaniens… si vous en êtes convaincus bien sûr. Sinon, pourquoi ne pas avoir agi auprès des autorités pour apporter les correctifs nécessaires et à temps ?
Parce que cette situation – sans par ailleurs juger de sa légitimité – contribue à «créer des problèmes à Ould Abdel Aziz». On en espère qu’il sera affaibli, par conséquence obligé d’abandonner les choix qui sont les siens et de faire appel aux intermédiaires traditionnels.
Souhaitons que le pouvoir trouve la solution en discutant directement avec les acteurs du mouvement. Chercher à rétablir la confiance en jouant la transparence totale dans l’opération et en allégeant les procédures. Et surtout en donnant les gages nécessaires pour dire à tous les Mauritaniens, tous les Mauritaniens que personne ne peut et ne doit être exclu. Pour ce faire, prévoir une instance de recours et un mode d’expression satisfaisant tout le monde. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire