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vendredi 5 août 2011

Pourquoi ne pas investir dans la paix ?


Chaque fois que l’Occident mène une guerre en terre d’Islam, elle complique encore les rapports entre les deux mondes et finit par provoquer tous les sentiments de haine qui justifient la violence des réactions ici et là. Depuis l’Afghanistan, en passant par l’Irak et eu poussant jusqu’à la Libye, chaque balle qui est tirée, chaque bombe lâchée, chaque bavure, chaque dommage collatéral, chaque destruction attise les animosités. Les arguments fallacieux ajoutent à l’ignominie du plus fort.
En Afghanistan, la lutte contre le terrorisme a justifié la guerre menée par les Américains contre le régime des Talibans. En Irak, c’est le «messianisme démocratique» qui a tout justifié. En Libye, c’est le devoir moral de protéger les populations civiles qui a mobilisé les coalisés de l’OTAN. Dans les trois cas, c’est à la destruction des pays et de leurs populations que nous avons assisté. Ni le terrorisme n’a été vaincu, ni la démocratie n’a été instaurée, ni la sécurité, ni la paix. Les civils ont continué à mourir par centaines, les économies ont continué à être pillées (par des multinationales et non des nationaux), et les sociétés ont été traumatisées à jamais.
Pourtant ce qui est dépensé dans ces guerres aurait pu suffire pour arriver à bout du terrorisme et des rapports belliqueux entre les deux Mondes (Occident et Arabo-musulman). 350.000 dollars, c’est ce que dépenseraient les coalisés en Afghanistan et en Irak à la …minute ! En 2008 déjà, le coût de la guerre s’élevait à 4000 milliards de dollars. Il a été multiplié par deux depuis.
Plus proche de nous, l’engagement français en Libye a déjà coûté près de 100 millions euros, alors que pour les Etats-Unis le coût prévu pour les six premiers mois est de 773 millions euros et pour le Royaume Uni de 1,13 milliards euros. Le coût final dépendra de la durée des opérations et de leur intensité. Alors que l’on croyait en finir au bout de deux ou trois fois frappes, l’OTAN semble s’enliser dans un conflit aux portes de l’Europe, un conflit dont les conséquences se feront sentir sur la sécurité et la stabilité de la région.
Pendant ce temps le contribuable français continue de payer l’heure de vol d’un avion de chasse entre 10.000 et 13.000 euros. Avec 400 heures de vol de moyenne par semaine, nous sommes facilement à 4,8 millions d'euros, sans compter le carburant. Le porte-avions envoyé aux larges de la Libye coûte à la France 50.000 euros l’heure de fonctionnement. Les missiles entre 250.000 et 350.000 euros l’unité. Les bombes coûtent de 20 000 à plus de 100 000 euros pièce. Les plus sophistiqués, utilisés les premiers jours vont jusqu’à 850 000 euros pièce. En mai les primes payées aux soldats atteignaient 25 millions d’euros. Alors que les surcoûts sont déjà chiffrés à 90 millions d'euros.
Combien d’hôpitaux, d’écoles, de routes, de barrages auraient pu être construits par des fonds aussi importants ? Combien de personnes soignées, éduquées, combien de hameaux désenclavés, combien de produits agricoles auraient pu servir à combler le déficit alimentaire dans toute la zone sahélo-saharienne et même dans la corne de l’Afrique ? La France, et avec elle l’Occident, aurait certainement abouti à des résultats meilleurs que ceux que permet la guerre. Ils auraient atteint leurs objectifs, au moins ceux déclarés : lutter contre le terrorisme, aider les populations et améliorer leurs conditions de vie. Avec l’aura et la sympathie en plus… Mais le veulent-ils seulement ?

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