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dimanche 31 juillet 2011

Histoire de gazra


Ce que je vais vous raconter est authentique. Même si cela ressemble à une histoire quelconque de gazra, il faut le raconter et, pour vous, prendre la peine de le lire.
Une famille vivant sur un terrain qu’elle s’est appropriée depuis des décennies quelque part dans les dépendances de Toujounine. Il y a quatre mois – ou cinq, personne ne se rappelle plus -, la commission chargée de faire le lotissement arrive dans le quartier. Elle fait passer la route à côté de chez eux, leur arrachant deux à trois mètres mais leur laissant l’essentiel. On lui dit que le terrain qu’elle occupe lui sera attribué. La commission lui délivre même un reçu. Seulement, juste à côté, a été construite une belle demeure, preuve de l’aisance de ses propriétaires. Le tracé de la route passe par cette demeure. Rien n’arrive tout de suite.
Les semaines passent sans qu’il y ait de tracé. La semaine dernière, arrivent des gardes qui annoncent que la route a changé de tracé. Elle vire carrément à droite (à angle droit) pour passer en plein dans la gazra de la famille qui a habité là tout ce temps et qui avait déjà eu le reçu pour son terrain. La belle demeure est épargnée. L’administration ne pouvait visiblement pas casser la belle demeure et épargner quelques vieilles constructions aux toits en zinc. C’était plus facile de détourner le tracé et de le faire passer par les plus pauvres – donc les plus faibles.
Ce qu’apprenant, le Wali de Nouakchott intervient pour rétablir justice. Après plusieurs jours de pression sur le préfet, et de palabres publiques et privées, l’administration semble avoir trouvé la solution : la route s’arrête là, elle ne va nulle part. On répond ainsi aux injonctions du Wali qui tient à faire appliquer la justice et, surtout, on épargne ainsi la belle demeure. Pourquoi d’ailleurs une route là-bas ? Il y en a qui sont plus forts que toutes les lois, que toutes les autorités.

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