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dimanche 13 mai 2018

Elections 2018 : Le compte à rebours a commencé


Tandis que les partis et conglomérats politiques essayent de s’organiser en vue de préparer des échéances qui semblent les avoir pris de court, le temps s’accélère pour tous.
La nouvelle Commission électorale nationale indépendante (CENI) prend service au milieu d’une cohue et sous la pression du temps qui court. En effet, les élections prévues pour septembre, ont des délais imprescriptibles dans les étapes de préparation : la mise à jour des listes électorales par un nouveau recensement à vocation électorale (RAVEL), la convocation du collège électorale pour une date déterminée, pour ne citer que les actes qui doivent être fait quatre et trois mois avant la date du scrutin.
En plus, la CENI dont la confection n’a pas impliqué tous les acteurs, se doit de pallier à cette insuffisance par un dialogue intense avec les pans de l’Opposition tenus à l’écart du processus de sa désignation, notamment le Forum national pour la démocratie et l’unité (FNDU) et le Rassemblement des forces démocratiques (RFD).
Si le FNDU est déjà partant pour les élections futures, la décision du RFD n’est pas encore connue. Mais nombre d’observateurs estiment que le parti du Président Ahmed Ould Daddah n’a pas le choix. D’ailleurs, dans une récente déclaration publique, Mohamed Ould Maouloud a annoncé la décision du G8 de participer, «y compris le RFD». Le G8, c’est ce regroupement qui avait rassemblé en plus du FNDU et du RFD, des formations de moindre importance et des syndicats et qui a vu le départ des Forces progressistes du changement (FPC), le huitième des ensembles. En attendant de rendre public sa décision, le RFD se comporte comme une formation en partance pour la course future. Tout comme le FNDU et l’Union pour la République, le parti au pouvoir, qui se préparent intensément.
Pour le FNDU, l’heure est à la préservation de l’unité du conglomérat. On sait que chacun des grands partis le composant, a sa propre stratégie.
Tawassoul n’a jamais déserté la scène politique et sa participation aux élections de 2013 lui a permis de s’organiser, de garder la main et de continuer à encadrer ses militants. Ce n’est pas le cas de l’Union des forces du progrès (UFP) qui a boycotté les dernières élections et a donc rompu avec l’exercice des urnes. C’est certainement le rapport entre ces deux partis qui va déterminer l’avenir du FNDU. L’heure fatale de la séparation n’a pas encore sonné mais tout sépare ces deux partis : l’idéologie de base, la vision du monde, le parcours et l’ancrage social des dirigeants…
On peut se demander ce qu’il adviendra des autres formations politiques moins importantes, des syndicats et du regroupement des «personnalités indépendantes». Tout ce monde va dans un premier temps s’accrocher à l’idée d’un candidat unique, au moins à l’espoir de la naissance de coalitions entre les composantes actuelles du FNDU.
De son côté, le RFD attend que soit épuisé le dialogue intérieur. Ce qui ne l’empêche pas de tenter d’occuper un espace, notamment par la prise de parole publique de ses leaders, principalement le Président Ahmed Ould Daddah et son premier adjoint Me Mohamed Mahmoud Ould Lematt, premier président du RFD et probable dauphin de son leader incontesté. C’est le sens qu’il faut donner à la dernière sortie devant des journalistes et des bloggeurs triés pour l’occasion. Ce qui cache mal l’affrontement de deux tendances au sein de la formation qui vit aussi l’implantation de ses structures étalées sur plusieurs mois.
D’une part ceux qui prônent un boycott sous prétexte qu’il ne sert à rien de concourir dans une compétition où le parti n’a aucune chance de parvenir à traduire sa force populaire. A cause des conditions qui n’assurent aucune régularité du scrutin, et du manque de moyens financiers qui aura son poids sur les contreperformances attendues logiquement. Pourquoi alors légitimer des élections à un pouvoir jugé illégal et déloyal ?
Face à eux, il y a d’autre part, ceux qui mettent en avant le risque de voir retirer le récépissé du parti suite à son absence à deux rendez-vous électoraux successifs (2013 et 2018). Ceux-là pensent que le parti a toutes les chances de remporter le nombre de sièges qui lui permet de compter parmi les formations les plus importantes du pays, voire de reprendre sa place de leader de l’Opposition démocratique. «Surtout si le Président Ahmed Ould Daddah accepte de prendre la tête de la Liste nationale».
D’ailleurs, au niveau de toutes les formations, on semble s’acheminer vers la mise en avant des leaders. L’on sait déjà que Yahya Ould Ahmed Waqf dirigera la Liste nationale au sein de Adil dont la Liste des femmes sera dirigée par Fatimetou Mint Khattri, ancien ministre et militante engagée de Adil, le parti fondé sous la présidence de Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Pourquoi ne verrait-on pas Mohamed Ould Maouloud à la tête de la Liste nationale de l’UFP, Kadiata Malik Diallo qui a brillé sous une législature précédente, à la tête de celle des femmes ? Imaginons effectivement Ahmed Ould Daddah et Nana Mint Cheikhna diriger les listes au niveau du RFD, Mohamed Mahmoud Ould Seyidi et Fatimetou Mint el Meydah pour Tawassoul… On aura déjà relevé le niveau de cette Assemblée nationale qui revient de loin. Ajoutez à cela tous les possibles et imaginables candidats au sein de la Majorité, de l’Opposition sous toutes ses nuances (dialoguiste et radicale), on peut espérer la meilleure configuration pour la nouvelle Chambre.
Le temps des implantations est aussi celui de la préparation. C’est le cas au RFD, mais surtout à l’Union pour la République (UPR) qui prévoit en finir dans les jours qui viennent. Une implantation qui lui a révélé un grand engouement de la part des populations avec notamment plus d’un million d’adhérents. Il est certain que ce chiffre va tomber au moment du passage à la mise en place des instances de base. Quand il s’agira de se déplacer effectivement et de s’exprimer soi-même. Si le parti s’obstine à appliquer la règle de la transparence comme il l’a annoncé, il sera de l’ordre de l’impossible pour des milliers d’adhérents déclarés de faire le déplacement vers les centres dans lesquels ils se sont fait enregistrer. Comme il sera coûteux pour ceux qui ont payé dans l’ordre de 30.000 UM (3000 MRU) le reçu d’inscription, de «convaincre» les mêmes à venir se prononcer effectivement.  
Les guerres claniques vont participer certainement à exacerber les ardeurs, mais pas assez pour refléter le niveau annoncé. C’est justement cette guerre ouverte entre clans qui sera le pire handicap pour l’UPR. Des processus d’implantation sont présentement arrêtés à cause de cela. Arrivera le moment où des départs seront enregistrés parce que leurs auteurs n’auront pas trouvé leur part. Déjà de fortes critiques sont exprimées à l’égard de ministres qui usent de leurs positions pour imposer ceux de leurs clans ici et là. Les dernières nominations au Conseil des ministres sont facilement expliquées par la volonté de s’allier telle ou telle faction dans la bataille de l’implantation. Tandis que ceux qui sont démis invoquent tout aussi facilement «un compte à régler pour le mauvais positionnement». Des ressentiments en plus des problèmes habituels et des mécontentements qui en naissent.
Mine de rien, la scène politique s’agite en vue de préparer les échéances de septembre. Reste à sa voir si la classe politique  arrivera ou non à dépasser les réflexes qu’elle a laissé s’ancrer pour s’inscrire dans les ADN. Notamment le rejet les uns des autres et leur volonté de se faire écraser les uns par les autres.

Editorial 753


Il y a ceux qui sont occupés par des guerres entre eux. Malgré le fait d’être aux affaires, ils dépensent moyens et énergies pour barrer la route à des adversaires avec lesquels ils partagent pourtant l’engagement derrière le «même programme».
Ce n’est pas la sécheresse et ses effets néfastes, ce n’est pas la proximité de grands rendez-vous comme le sommet de l’Union Africaine, ce n’est pas la menace d’un futur pour lequel il faut se préparer en anticipant ses problématiques qui viendront s’ajouter à celles du présent déjà compliqué par le refus obstiné de régler celles du passé (proche et lointain), ce ne sont pas les retards dans la réalisation de projets structurants, ni les «revues à mi-parcours» des programmes financés par les partenaires techniques et financiers (PTF)… rien de tout ça ne les occupe.
Les ministres, parce qu’il s’agit d’eux, sont absorbés par la bataille de l’implantation. Le résultat est là : des quotidiens où il n’est question que de promesses ou de menaces de promouvoir celui-là pour son alliance, de casser celui-ci pour lui faire payer son engagement dans le camp d’en face…
On sait déjà que Mohamed Lemine Ould Seyidi, ancien député de Tawassoul à Tintane, est assuré d’être présenté, cette fois-ci par l’UPR, à la Législature prochaine. C’est ce que dit LE ministre aux acteurs politiques de Tintane qu’il veut rallier à la cause.
Au Hodh, au Brakna, au Gorgol, au Trarza, en Guidimakha et même à Nouakchott, les clans sont menés par de dignes représentants de la République qui donnent ainsi le la de l’éclatement de l’ensemble au pouvoir.
Il y a ceux qui sont plongés dans la classe de «rattrapage». Ceux-là ont refusé de voir venir les évènements. Encore une fois, ils se préparent à les subir. Comme par le passé, ils se trompent de combat.
Chacun des pans de ce côté de la scène politique s’active pour rattraper à sa manière le temps perdu. Avec beaucoup de maladresses pour les uns et de mauvaise foi pour les autres. Pas de programme commun. Pas de candidats communs. Pas de perspective commune.
L’objectif est aujourd’hui la dissolution de la CENI. Alors qu’ils ont torpillé le processus qui devait en faire une institution représentative et consensuelle.
Cette demande de dissolution de la CENI relève de la tactique pernicieuse qui a fait l’ajournement du renouvellement du Sénat en 2011 quand les mêmes avaient demandé le recul pour permettre la participation d’un grand nombre au dialogue en perspective. Avant de se rétracter et de boycotter avec pour résultat la «péremption» des institutions non renouvelées et l’invocation de leur illégalité. Aujourd’hui, tout ce qui peut reculer les élections est fallacieux et dangereux pour la démocratie, y compris le dialogue ou la dissolution de la CENI.
Le départ annoncé du Président Mohamed Ould Abdel Aziz sidère ses opposants qui n’avaient d’autre convergence que la haine de celui qui a provoqué la fin du régime de Moawiya Ould Taya et de l’expérience avec Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Des orphelins de l’un ou l’autre qui sont encore plus orphelins aujourd’hui avec ce départ désormais certain.
Entre les premiers et les seconds, il existe une animation active – au sens du théâtre des ombres – qui va dans tous les sens et dont la raison existentielle n’est autre que la volonté de s’affirmer. En tant que communauté, en tant que cause, en tant que clan, en tant que tendance, en tant qu’acteur… et pour ce faire, rien, absolument rien n’est interdit. Au contraire, il faut user de fausses informations, d’analyses erronées, de chiffres tronqués, de fausses vérités, de descriptions fallacieuses… pour tromper l’opinion et se donner l’aire de justicier.
Les discours populistes sous nos latitudes n’ont aucune originalité. Ils utilisent les mêmes moyens et visent les mêmes objectifs que dans le reste du monde. Les fascismes se ressemblent. Les racismes aussi.
Résultat : l’image du pays détruite par ses fils qui croient ainsi se rapprocher de la prise de pouvoir ou imposer à ceux qui l’ont de le partager avec eux. Sacrifiant du coup l’intérêt général sur l’autel des ambitions sectaires et égoïstes.
L’existence d’un troisième larron dans le jeu politique devrait pousser les acteurs politiques qui croient encore en une Mauritanie unie, en une Mauritanie pour tous, les pousser à chercher la convergence pour atténuer l’émiettement, ce mal qui ronge notre société et qui ne peut profiter qu’aux sectarismes et égoïsmes , différents dans leurs expressions multiples, semblables dans leurs essences et dans leurs compréhensions du monde et de son devenir.

Elections 2018 : Le FNDU s’engage


Une décision attendue… annoncée à l’avance… celle de la participation du Forum national pour la démocratie et l’unité aux élections futures. Il y a quelques semaines effectivement, les grands partis membres de ce regroupement dit de «l’opposition radicale», avaient annoncé leur décision de participer aux échéances prochaines. Ce qu’on ne savait pas au moment de l’annonce, c’est que le Forum était en pleine discussion avec les partis de la Majorité présidentielle. Des négociations qui n’ont pas abouti à la signature de l’accord qui avait pourtant été rédigé.

Le secret éventré

Le premier à donner sa version des faits et à annoncer la fin des négociations fut Me Sidi Mohamed Ould Maham, président de l’Union pour la République (UPR), le parti présidentiel. Lundi dernier (16/4), Me Ould Maham déclarait à l’AFP la fin d’un «accord politique que nous devions signer jeudi dernier (12/4, ndlr), mais entretemps, l’autre partie a fuité une mouture proche de l’accord mais qui en dénature la forme et le fond».
Dans la même dépêche de l’AFP, Mohamed Ould Maouloud, président en exercice du Forum annonçait que l’UPR «nous a officiellement signifié la fin de ce dialogue secret».
S’en suivront quelques joutes, les uns réfutant ce que les autres affirmaient. Chacun tentant de donner une version qui le sert sur le déroulement des négociations et sur leur objet. Si Me Ould Maham a tout de suite occupé la scène médiatique, ses protagonistes ont préféré s’expliquer devant les bloggers et les groupes de l’application WhatsApp, un support informel qui leur portera quelque peu préjudice dans la mesure où cela a été perçu comme un refus de faire face aux questions des journalistes.
L‘un des points de convergence dans l’accord était la nécessité de permettre l’implication du Forum dans la confection de la nouvelle Commission électorale nationale indépendante (CENI). Sitôt la fin des négociations annoncées, celle-ci a été créée. C’est cet élément qui aiguisait la curiosité sur la suite que donnera le Forum aux derniers développements.

Participation quand même

«Nous avons décidé de participer à ces élections (Législatives, municipales et locales de 2018, ndlr) car nous n’acceptons pas de rester en marge du processus devant conduire à une alternance politique dans le pays en dépit de la gestion unilatérale de ce processus par le pouvoir». L’annonce est faite par Mohamed Ould Maouloud lors d’un point de presse tenu ce samedi en présence des autres membres du Forum national pour la démocratie et l’unité.
Tout en accusant le pouvoir actuel de «pousser le pays vers une élection conflictuelle», Ould Maouloud dénonce la désignation de la CENI qualifiée par lui «d’illégale». Et promettant de «faire appel devant la justice contre sa constitution qui exclut un pan important de l’opposition en violation de la loi la créant».
C’est sans grand cérémonial donc que le FNDU accepte de reprendre le chemin des urnes. Non sans s’être tiré plusieurs balles dans les pieds.
Par l’entêtement dans le refus de participer aux dialogues déclarés (2012, 2013, 2014 et 2016), le FNDU donne la preuve de son manque de discernement quand il a été incapable d’anticiper l’échéance fatale qu’il prend aujourd’hui comme prétexte pour accepter tout ce qu’il a refusé : l’alternance de 2019.
Avec ces histoires de dialogues «secrets», le Forum et ses composantes politiques, discréditent leur action et jettent le doute sur leurs objectifs réels.
Engager des négociations secrètes en vue de faire avancer la démocratie, de corriger les erreurs, de rattraper le temps perdu et donc de servir un intérêt général, n’a rien de reprochable. Au contraire, c’est ce qui est attendu d’un acteur politique : le sacrifice de soi, de son amour-propre, pour servir le pays et la démocratie. Ce n’est pas la révélation par la presse du projet d’accord qui le torpille. Ce sont les méthodes et le sentiment d’avoir trahi les siens qui créent ici problème. Le sentiment de culpabilité et «la honte» qui l’a accompagné à la révélation de ces négociations découlent effectivement d’un désarroi.

Après avoir tout refusé

En 2011, les mêmes acteurs étaient regroupés au sein de la Coordination de l’opposition démocratique (COD) qui avait alors engagé un dialogue ouvert avec le pouvoir. Ce fut le meilleur moment parce que la conjoncture s’y prêtait et que les acteurs étaient disponibles à l’engager eux-mêmes.
La Mauritanie venait d’engager sa bataille pour sécuriser ses frontières et stabiliser la vie quotidienne : les premières frappes contre AQMI se déroulaient au Mali et à la frontière mauritanienne. La nécessité de consolider le front intérieur était évidente et ressentie par tous.
Le Président Mohamed Ould Abdel Aziz avait fini par rencontrer l’ensemble des acteurs politiques. Il avait même accepté de faire un appel solennel au dialogue comme l’avait exigé une partie de l’opposition (28/11/2010).
Les échanges de notes entre le pouvoir et les envoyés de la COD avaient eu lieu. Cette dernière devait présenter son cahier de doléances pour permettre au pouvoir d’y répondre. Lequel avait dit d’avance que, mis à part l’exigence d’un gouvernement d’union, tout le reste était possible…
Le 17 décembre 2010, un jeune tunisien s’immole pour protester contre les mauvais traitements de la police. C’est le point de départ d’une explosion sociale qui mène à la révolution du Jasmin et au départ forcé du dictateur Zein El Abidine Ben Ali. Dans le monde arabe, c’est l’effervescence qui allume des foyers un peu partout. L’Egypte ne tarde pas à tomber dans l’escarcelle des «révolutionnaires». Puis le Yémen, la Syrie, la Libye s’enflamment…
En Mauritanie, des pans de l’opposition croient que le temps de balayer le pouvoir en place est arrivé. C’est le «dégagisme» qui l’emporte. Fin du processus de dialogue pour bon nombre des formations politiques.
Seules l’Alliance populaire et progressiste (APP) de Messaoud Ould Boulkheir et le Wiam de Boydiel Ould Hoummoid – pour ne citer que les plus importants -, continuent à discuter. Ils obtiennent des avancées significatives aussi bien sur le plan des outils électoraux que sur le plan de l’implication de l’opposition dans le jeu politique.
Malgré toutes les tentatives et tous les appels au dialogue, rien n’y fait : le FNDU, constitué entretemps sur les cendres de la COD, refuse toute participation aux élections. Si bien qu’en 2013, à la veille des élections municipales et Législatives, il continue de s’obstiner manquant de peu la déchirure.
Les Islamistes de Tawassoul acceptent de participer tandis que l’UFP refuse contre toute attente. Mais le Forum qui regroupe les syndicats et les personnalités indépendantes en plus des partis, traverse la crise. Il s’acclimate avec une situation où il prône le boycott quand il s’agit d’une prise de position générale, et où l’une de ses composantes est présente sur la scène institutionnelle : avec 16 députés à l’Assemblée nationale, Tawassoul dirige le bureau de l’Institution de l’Opposition démocratique.

Mobilisation impossible

En 2016, le FNDU essaye de rassembler autour la question du troisième mandat. Mais la mobilisation est en-deçà des attentes et l’action fait pschitt quand le Président annonce lui-même qu’il n’a jamais eu l’intention de changer la Constitution en vue de se frayer le chemin pour un mandat supplémentaire.
La leçon n’est pas retenue parce que le Forum refuse de participer au dialogue ouvert en septembre de la même année. La logique de l’absence continue de l’emporter jusque cette fameuse interview accordée par le Président Ould Abdel Aziz à Jeune Afrique. Rien de nouveau pourtant dans son annonce qu’il ne briguera pas un troisième mandat.
Mais c’est surtout la volonté d’assainir et de relancer l’Union pour la République qui pèse dans le positionnement du FNDU. Le nouvel engagement du Président crée une énergie nouvelle et l’implantation entamée annonce un renforcement du parti au pouvoir.
Le FNDU accepte enfin de tirer les leçons de ses boycotts successifs. Mais avec maladresses. Si bien que la décision de participer, normale du reste, parait aujourd’hui comme un acte d’abdication qui aura ses conséquences sur la perception publique de l’action politique en général et des positionnements du FNDU en particulier. Ce qui pèsera certainement sur ses résultats lors des élections de septembre-octobre 2018. Si jamais il survit aux secousses qui l’ont affecté.

Editorial 752


La presse n’a plus de place dans ce pays. D’abord ce gouvernement qui lui a coupé les vivres avec la circulaire du Premier ministre interdisant la communication et les abonnements de l’ordre public. Sous prétexte qu’il y avait une loi sur la publicité en cours d’adoption.
La circulaire date de février 2016 et nous sommes en avril 2018. La loi a été adoptée mais n’a pas encore été mise en œuvre. Alors que le blocus est toujours en vigueur… pas pour tout le monde.
Il y a la presse écrite et électronique, fortement soutenue par de hauts responsables et dont la fonction est de couvrir ses «sponsors» de fausses qualités et de s’attaquer à leurs ennemis. L’objectif ici n’est pas de protéger ou de défendre le système, mais des individus, quitte à tirer sur le Président de la République et sa famille.
Le résultat d’une telle action de sape se lira dans le classement de la Mauritanie cette année. Mais il suffit de voir qu’une seule télévision fonctionne actuellement sur les cinq privées, qu’aucune radio n’émet plus régulièrement. De se rappeler la crise de la presse écrite dont le summum a été atteint avec l’arrêt de parution des quotidiens Chaab et Horizons pendant quelques deux semaines.
Jusqu’à récemment, il ne restait à la presse que le respect du public, acteurs étatiques et non étatiques, militants politiques et non politiques, défenseurs ou non des droits…
Quand éclate l’affaire des «négociations secrètes», les politiques concernés ont essayé de faire porter la responsabilité de leur échec à la presse. Laissant entendre la «perfidie», «l’inconscience», «la mauvaise volonté», «la nocivité»… de celui qui a révélé l’existence d’un dialogue souterrain.
Le rôle de la presse est bien de mettre à nu, de débusquer, de dénoncer s’il y a lieu, de révéler au grand jour, d’expliquer et d’expliciter… bien sûr en donnant la parole à ceux qui sont concernés pour être juste et complet.
Seulement la plupart des concernés dans cette affaire ont préféré s’en remettre aux bloggers, à Twitter et aux groupes de WhatsApp. On ne peut pas le leur reprocher. Deux remarques s’imposent.
La première est une explication avancée pour écarter ou éviter la presse. Les journalistes qui qu’ils soient, sont de nature curieux. Ils sont demandeurs de justificatifs et d’informations exactes. Contrairement aux militants qui forment la masse de ceux auxquels les chefs de partis s’adressaient. Acquis à la cause, indulgent vis-à-vis de ceux qui l’incarnent, l’auditoire ici n’est pas source d’inquiétude.
La deuxième découle de la première et relève d’un constat : ce ne sont plus les instances dirigeantes des formations politiques qui décident des positions à prendre, mais les utilisateurs des réseaux sociaux. La dictature de la pensée unique commence ici. Tout comme le populisme.
Les formations politiques et leurs dirigeants craignent plus aujourd’hui ce que ce blogger va écrire sur leur engagement que ce que vont dire leurs militants. On en oublie le passé de ces dirigeants et le parcours de ces formations. La légitimité de la pensée vraie et os acteurs      même le monopole de la vérité reviennent à un inconnu sirotant calmement un café et manipulant un clavier. Une horde de snipers s’est ainsi constituée pour imposer son diktat à de vieilles formations politiques dont la plupart ont hérité d’un combat qui date de la clandestinité. Les leaders de ces formations se rendent sans combattre et acceptent ainsi de renoncer à leur conviction pour ne pas exciter l’ire de ces hordes de snipers.
 Le résultat pour nous est une dépréciation de l’action politique qui commence par la réflexion. Si le premier venu peut se sentir la légitimité de dicter sa réflexion aux vieux dirigeants et à leurs formations, il n’y a plus rien à attendre d’eux. Et si les politiques n‘ont plus besoin de la presse et le montrent, il n’y a plus rien à espérer de la démocratie. Dont la presse doit être le reflet.