Tandis
que les partis et conglomérats politiques essayent de s’organiser en vue de
préparer des échéances qui semblent les avoir pris de court, le temps
s’accélère pour tous.
La
nouvelle Commission électorale nationale indépendante (CENI) prend service au
milieu d’une cohue et sous la pression du temps qui court. En effet, les
élections prévues pour septembre, ont des délais imprescriptibles dans les
étapes de préparation : la mise à jour des listes électorales par un
nouveau recensement à vocation électorale (RAVEL), la convocation du collège
électorale pour une date déterminée, pour ne citer que les actes qui doivent
être fait quatre et trois mois avant la date du scrutin.
En
plus, la CENI dont la confection n’a pas impliqué tous les acteurs, se doit de
pallier à cette insuffisance par un dialogue intense avec les pans de
l’Opposition tenus à l’écart du processus de sa désignation, notamment le Forum
national pour la démocratie et l’unité (FNDU) et le Rassemblement des forces
démocratiques (RFD).
Si
le FNDU est déjà partant pour les élections futures, la décision du RFD n’est
pas encore connue. Mais nombre d’observateurs estiment que le parti du
Président Ahmed Ould Daddah n’a pas le choix. D’ailleurs, dans une récente
déclaration publique, Mohamed Ould Maouloud a annoncé la décision du G8 de
participer, «y compris le RFD». Le G8, c’est ce regroupement qui avait
rassemblé en plus du FNDU et du RFD, des formations de moindre importance et
des syndicats et qui a vu le départ des Forces progressistes du changement
(FPC), le huitième des ensembles. En attendant de rendre public sa décision, le
RFD se comporte comme une formation en partance pour la course future. Tout
comme le FNDU et l’Union pour la République, le parti au pouvoir, qui se
préparent intensément.
Pour
le FNDU, l’heure est à la préservation de l’unité du conglomérat. On sait que
chacun des grands partis le composant, a sa propre stratégie.
Tawassoul
n’a jamais déserté la scène politique et sa participation aux élections de 2013
lui a permis de s’organiser, de garder la main et de continuer à encadrer ses
militants. Ce n’est pas le cas de l’Union des forces du progrès (UFP) qui a
boycotté les dernières élections et a donc rompu avec l’exercice des urnes.
C’est certainement le rapport entre ces deux partis qui va déterminer l’avenir
du FNDU. L’heure fatale de la séparation n’a pas encore sonné mais tout sépare
ces deux partis : l’idéologie de base, la vision du monde, le parcours et
l’ancrage social des dirigeants…
On
peut se demander ce qu’il adviendra des autres formations politiques moins
importantes, des syndicats et du regroupement des «personnalités
indépendantes». Tout ce monde va dans un premier temps s’accrocher à l’idée
d’un candidat unique, au moins à l’espoir de la naissance de coalitions entre
les composantes actuelles du FNDU.
De
son côté, le RFD attend que soit épuisé le dialogue intérieur. Ce qui ne
l’empêche pas de tenter d’occuper un espace, notamment par la prise de parole
publique de ses leaders, principalement le Président Ahmed Ould Daddah et son
premier adjoint Me Mohamed Mahmoud Ould Lematt, premier président du RFD et
probable dauphin de son leader incontesté. C’est le sens qu’il faut donner à la
dernière sortie devant des journalistes et des bloggeurs triés pour l’occasion.
Ce qui cache mal l’affrontement de deux tendances au sein de la formation qui
vit aussi l’implantation de ses structures étalées sur plusieurs mois.
D’une
part ceux qui prônent un boycott sous prétexte qu’il ne sert à rien de
concourir dans une compétition où le parti n’a aucune chance de parvenir à
traduire sa force populaire. A cause des conditions qui n’assurent aucune
régularité du scrutin, et du manque de moyens financiers qui aura son poids sur
les contreperformances attendues logiquement. Pourquoi alors légitimer des
élections à un pouvoir jugé illégal et déloyal ?
Face
à eux, il y a d’autre part, ceux qui mettent en avant le risque de voir retirer
le récépissé du parti suite à son absence à deux rendez-vous électoraux
successifs (2013 et 2018). Ceux-là pensent que le parti a toutes les chances de
remporter le nombre de sièges qui lui permet de compter parmi les formations
les plus importantes du pays, voire de reprendre sa place de leader de
l’Opposition démocratique. «Surtout si le Président Ahmed Ould Daddah accepte
de prendre la tête de la Liste nationale».
D’ailleurs,
au niveau de toutes les formations, on semble s’acheminer vers la mise en avant
des leaders. L’on sait déjà que Yahya Ould Ahmed Waqf dirigera la Liste
nationale au sein de Adil dont la Liste des femmes sera dirigée par Fatimetou
Mint Khattri, ancien ministre et militante engagée de Adil, le parti fondé sous
la présidence de Sidi Ould Cheikh Abdallahi. Pourquoi ne verrait-on pas Mohamed
Ould Maouloud à la tête de la Liste nationale de l’UFP, Kadiata Malik Diallo
qui a brillé sous une législature précédente, à la tête de celle des
femmes ? Imaginons effectivement Ahmed Ould Daddah et Nana Mint Cheikhna
diriger les listes au niveau du RFD, Mohamed Mahmoud Ould Seyidi et Fatimetou
Mint el Meydah pour Tawassoul… On aura déjà relevé le niveau de cette Assemblée
nationale qui revient de loin. Ajoutez à cela tous les possibles et imaginables
candidats au sein de la Majorité, de l’Opposition sous toutes ses nuances
(dialoguiste et radicale), on peut espérer la meilleure configuration pour la
nouvelle Chambre.
Le
temps des implantations est aussi celui de la préparation. C’est le cas au RFD,
mais surtout à l’Union pour la République (UPR) qui prévoit en finir dans les
jours qui viennent. Une implantation qui lui a révélé un grand engouement de la
part des populations avec notamment plus d’un million d’adhérents. Il est
certain que ce chiffre va tomber au moment du passage à la mise en place des
instances de base. Quand il s’agira de se déplacer effectivement et de
s’exprimer soi-même. Si le parti s’obstine à appliquer la règle de la
transparence comme il l’a annoncé, il sera de l’ordre de l’impossible pour des
milliers d’adhérents déclarés de faire le déplacement vers les centres dans
lesquels ils se sont fait enregistrer. Comme il sera coûteux pour ceux qui ont
payé dans l’ordre de 30.000 UM (3000 MRU) le reçu d’inscription, de
«convaincre» les mêmes à venir se prononcer effectivement.
Les
guerres claniques vont participer certainement à exacerber les ardeurs, mais
pas assez pour refléter le niveau annoncé. C’est justement cette guerre ouverte
entre clans qui sera le pire handicap pour l’UPR. Des processus d’implantation
sont présentement arrêtés à cause de cela. Arrivera le moment où des départs
seront enregistrés parce que leurs auteurs n’auront pas trouvé leur part. Déjà
de fortes critiques sont exprimées à l’égard de ministres qui usent de leurs
positions pour imposer ceux de leurs clans ici et là. Les dernières nominations
au Conseil des ministres sont facilement expliquées par la volonté de s’allier
telle ou telle faction dans la bataille de l’implantation. Tandis que ceux qui
sont démis invoquent tout aussi facilement «un compte à régler pour le mauvais
positionnement». Des ressentiments en plus des problèmes habituels et des
mécontentements qui en naissent.
Mine
de rien, la scène politique s’agite en vue de préparer les échéances de
septembre. Reste à sa voir si la classe politique arrivera ou non à dépasser les réflexes
qu’elle a laissé s’ancrer pour s’inscrire dans les ADN. Notamment le rejet les
uns des autres et leur volonté de se faire écraser les uns par les autres.