Quand
la tentative d’établir un contact entre la Majorité et le Forum national pour
la démocratie et l’unité (FNDU) a été révélée, elle a été immédiatement
démentie avec véhémence. Laissant entendre qu’il s’agit d’une affabulation de
plus de la presse.
Quand
les détails d’un accord longuement discuté ont été publiés, les réactions ont
été différentes selon le positionnement de leurs auteurs. On peut cependant
retenir les catégories suivantes :
Il
y a ceux qui crient au scandale et qui accusent le FNDU de chercher, «encore
une fois», à trahir les autres composantes de l’opposition radicale qui a
refusé jusqu’à présent le dialogue avec le pouvoir. Notamment le G8 – réduit à
7 depuis le départ des forces du changement, ancien FLAM. Les partenaires du
FNDU au sein de ce regroupement n’avaient pas été mis au courant de la
démarche.
Il
y a ceux qui regrettent le non aboutissement du processus et qui cherchent à
situer les responsabilités. Pour eux, «le fuitage» du document a mis fin aux
négociations. Accusant ceux qui l’ont fuité de l’avoir «travaillé» pour en
trafiquer le contenu pour le faire rejeter. Ceux-là dont le président de
Tawassoul, Mohamed Mahmoud Ould Seyidi, ne nous renseignent pas sur le texte
originel, celui qui n’a subi aucune manipulation. Comme ils ne nous disent pas
pourquoi le simple fait de fuiter un document destiné à être rendu public,
remet en cause tout un processus qui reste vital pour le pays.
Il
y a ceux qui profitent de la fin annoncée de la démarche pour culpabiliser ses
promoteurs et les rendre responsables de son échec.
Tous
oublient de relever que les acteurs, qui qu’ils soient, sont d’accord pour dire
la nécessité d’une ouverture de la scène en vue de son apaisement. Tout le
monde constate que le tournant que notre pays entame demande une convergence et
un renforcement du front intérieur.
Une
large partie de l’opinion publique reproche aux pans de l’opposition de n’avoir
rien fait pour anticiper les événements pourtant prévisibles. Préférant
s’obstiner à animer un positionnement nourri de rejets et ne tenant pas compte
du rapport de force avec le camp d’en face.
Au
pouvoir, on reproche aussi le refus de faire preuve d’indulgence en faisant
l’effort nécessaire pour inclure le maximum d’acteurs dans le jeu politique
qui, finalement, peut et doit contenir tout le monde.
En
réalité, ni le pouvoir ni son opposition ne sont assez homogènes pour imposer
en leur sein une discipline à même de favoriser la convergence.
Chaque
camp est conscient de ses fractionnements internes mais ne fait rien pour les
soigner. D’où la nécessité pour la Majorité et le FNDU de chercher à garder au
secret des négociations qu’il n’y a pas de honte à entreprendre. Au contraire,
la publicité autour de ces négociations aurait suscité le contrôle et la
pression de l’opinion publique pour les accompagner. Mais non !
Ici,
ce sont les partis de la Majorité qui ont peur de «leur» gouvernement coupable,
par le passé, de plusieurs actes de sabotages pour les essais de rapprochement.
Là,
ce sont les groupes d’influence si ce ne sont les partis qui s’accusent
mutuellement et occasionnellement de trahison.
Les
suspicions qui rongent les intérieurs des deux camps sont plus fortes que
celles qui leur dictent leurs positionnement l’un vis-à-vis de l’autre. Tout
comme les effets de la défiance qui pèse plus sur les relations entre
partenaires supposés, plus qu’entre protagonistes déclarés.
La
plus forte opposition et la plus dangereuse pour le pouvoir, c’est celle qui
nait des dissensions internes. Parce qu’elle discrète le système et parce
qu’elle bouffe toute son énergie.
Au
sein de l’opposition, les rapports sont tellement mauvais et la défiance si
totale, qu’aucune action commune ne peut aboutir. Les acteurs passent leur
temps à s’épier les uns les autres. Plus qu’à regarder devant eux pour agir.
L’émiettement
de la scène politique est un mal mauritanien…