Au lendemain du malheureux accident survenu dans les
environs de Tintane, le président du Forum national pour la démocratie et
l’unité (FNDU) a écrit un article dans lequel il a appelé à saisir cette
occasion douloureuse pour en faire une opportunité de convergence.
Aux uns et aux autres, il a demandé de faire un minimum
de concessions pour donner corps à cette union sacrée provoquée par la
disparition douloureuse de l’humaniste que fut Ahmedou Ould Abdel Aziz, pour
que l’idéal qui l’a animé éclaire tout le monde.
Pour Me Ould Bouhoubeyni, il s’agit, pour chacun des
protagonistes, de mettre de côté son amour-propre et d’accepter de faire les
concessions nécessaires à apaiser et à normaliser les relations. C’est,dit-il,
la première attitude consensuelle de toutes les parties, un consensus qui doit
être exploité.
Ces paroles heureuses du président du FNDU ont vite
attiré l’ire des radicaux dans les deux camps. De la part des compagnons
politiques, mais aussi et surtout de la part de snipers bien installés derrière
leurs claviers et arrosant la toile d’insultes et de paroles toxiques, le plus
souvent sous le saut de l’anonymat.
Il existe en fait des réseaux dédiés à l’exercice d’un
terrorisme intellectuel à l’encontre de tous ceux qui peuvent (ou croient
pouvoir) servir le rapprochement entre les différents segments de la société.
Tout ce qui peut permettre la normalisation et la pacification des rapports
entre les acteurs (sociaux et politiques) est l’objet de violentes attaques et
ses auteurs sont la cible d’un lynchage public.
Tout ce qui est positif dans ce pays est la cible
préférée de quelques individus, repus et cachés derrière les pseudonymes les
plus improbables. Ils vilipendent, agressent et sèment le chaos pour entretenir
l’atmosphère délétère qui prévaut entre les acteurs politiques et sociaux
institutionnels. Une manière de se trouver une place sur l’échiquier, de se
frayer un chemin à même de mener à une notoriété qui ne demande aucune
prédisposition, aucune compétence, aucun sacrifice. Se classer à moindre prix
sur un échiquier déjà trop encombré.
Qu’on le veuille ou non, la scène politique a besoin
d’être apaisée. Nous sommes tous fatigués d’entendre ressassés les mêmes
prétextes, les mêmes paroles, de voir s’accomplir les mêmes circonvolutions.
Alors, un moment de douleur peut bien constituer une
opportunité pour tous, pour se remettre en cause, pour relativiser les
positionnements, pour améliorer les prestations, pour avoir plus d’humilité
dans le comportement, plus de sens du sacrifice dans l’engagement…
Si j’ai bien compris ce que voulait dire Me Ould
Bouhoubeyni, c’est bien cela. Il n’y avait aucun mal à le dire et, dans le
contexte mauritanien, il fallait beaucoup de courage pour le dire.