Je décide de reprendre
après une absence qui aura duré quelques mois et au cours de laquelle bien des
choses se sont passées. Je n’y reviendrai pas. Parceque le temps est aux vœux dans
un pays ou le recul de la joie et la censure de tout ce qui est festif ou qui peut
l’être, ont fait leur effet.
Nous sommes devenus un pays où il ne fait pas
bon de s’amuser, où le rire et l’expression de la joie sont devenus suspects,
source de mésententes et de problèmes. Nous sommes une société constipée à
force de réprimer l’émotion alors que l’émotion est le moteur de la créativité
et donc du Progrès.
On comprend aisément pourquoi nous en sommes à
glorifier un passé que nous avons trop ressassé, que nous avons remanié pour
nous dispenser des exigences du présent et excuser ainsi notre refus de relever
les défis actuels. À force de regarder derrière nous, nous avons oublié de voir
où l’on pose les pieds. Les conséquences sont énormes. Elles peuvent encore
nous mener loin, très loin…
Je reprends pour présenter mes vœux les plus
sincères, les plus forts à tous, où qu’ils soient, qui qu’ils soient.
Mes vœux de voir la Mauritanie baigner dans une
atmosphère de paix et de prospérité. De voir la fin de ce monde fait de
paresses, d’injustices, d’inégalités, d’ignorances. De voir l’avènement d’un
monde qui valorise l’homme, qui réhabilite le citoyen, qui encourage le
travail, qui bannit les inégalités et les injustices, et où il n’y a pas de
place pour l’exercice de l’arbitraire et pour l’impunité.
Au risque de me répéter comme pour 2015 et
2014, que 2016 soit le début de véritables
refondations. Refondation mentale. Au niveau de l’Appareil de l’Etat, au niveau
des populations où l’on a besoin de recouvrer notre système de valeurs, de
retrouver nos réflexes de solidarité, de réactiver les soupapes sociales de
sécurité, d’ouvrir les vannes du partage, de reprendre le sourire les uns face
aux autres...
Refondation d’un Etat de droit avec le
respect des institutions, des lois et textes réglementaires. Une justice plus
forte, plus impersonnelle pour mettre fin à la règle de l’impunité. Une école
plus performante pour former le Mauritanien de demain (celui d’aujourd’hui est
un peu perdu pour nous). Une santé de proximité. Une administration plus
soignée, plus efficace, plus convaincante...
Une classe politique plus exigeante pour
elle-même, plus engagée, plus claire dans ses engagements, plus forte dans ses
choix... Un gouvernement plus à l’écoute des gémissements, plus proche du
peuple... Un débat plus serein... Une économie plus dynamique... Une société
plus créative...
Je reviens donc pour présenter ces vœux qui
sont à mes yeux un acte de résistance devant la chape qui nous recouvre inexorablement
et qui fait de nous le peuple le plus crispé, le moins créatif, le moins lumineux
de la terre. Face à l’obscurantisme rampant et aux dérèglements sociaux nés des
frustrations qu’on nous fait subir, élevons la voix et souhaitons bonne année
les uns aux autres.
...Mes vœux pour vous sont ceux de l’année passée,
de l’année d’avant, de celle qui a précédé celle-là... le temps passe, l’espoir
demeure. Tant qu’il y a l’espoir, il y a la vie.