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mercredi 22 juillet 2015

En désespoir de cause

Deux textes de deux personnalités différentes, complètement différentes et pas seulement parce qu’il s’agit d’un homme et d’une femme. En fait la seule chose qui les unit est la détestation du régime actuel et de la personne qui l’incarne, le Président Mohamed Ould Abdel Aziz. Sinon, nos deux amis ne partagent rien d’autre en termes d’idées et de positionnements…
L’un et l’autre ont écrit cette semaine des textes dont la substance parvient à la même conclusion : «il n’y a rien à tirer de ce peuple, de sa jeunesse soumise, de son élite résignée…» Chacun des deux «révolutionnaires» est parti d’un fait pour faire une analyse et arriver à la même conclusion.
Les deux textes dégagent une violente et tragique désespérance qui sonne comme une démission. On a l’impression que les deux auteurs sont sur le point d’abandonner le combat à défaut de pouvoir le continuer par d’autres moyens. «La guerre est une continuation de la politique par d’autres moyens». Même ça…
Il y a eu d’abord ce refus de reconnaitre les résultats des élections de juillet 2009, pourtant co-organisées par les différents acteurs. Ensuite, le refus de reconnaitre le Pouvoir en place et les tergiversations qui ont suivi. Puis les appels au renversement de ce Pouvoir et à la «révolution». En quelques années, l’Opposition aura tout essayé, se plongeant chaque jour qui passe, dans les profondeurs abyssales d’un radicalisme qui l’aveuglait encore en lui faisant perdre d’apprécier les rapports de force et de voir la réalité en face.
Cette attitude est donc l’aboutissement d’un processus qui a poussé vers le radicalisme négatif… C’est bien de nous dire : «Soyez jusqu’à la fin en état de mécontentement, de vitupération, d’agression contre tout. L’homme qui arrive à trouver que tout est bien est un demi-mort» (Michel Onfray). Et c’est vrai.
Mais cela suppose une vision derrière, des propositions alternatives, des stratégies réfléchies, du courage, de l’abnégation, un sens du sacrifice, une bonne intelligence de soi et de son environnement, une foi en sa cause… Pas simplement de la haine et du rejet.
A lire nos amis, on croirait que c’est au peuple mauritanien qu’il va falloir reprocher les échecs et le manque de discernement. Alors que c’est l’élite opposante qui n’a pas conçu de futur à miroiter, elle qui a refusé quand il fallait accepter, elle qui a accepté quand il fallait refuser, elle qui a surenchéri alors qu’elle devait chercher le compromis, elle qui prêté le flanc quand elle devait attaquer de face, elle qui s’est précipité alors qu’il fallait réfléchir, elle qui a pris le temps quand il fallait faire vite…

Je comprends le dépit de mes amis après les visites «carnavalesques» - comme disent certains – du Président Ould Abdel Aziz dans les régions intérieures. Nulle trace ici de l’Opposition dont certains élus ont même participé à la fête. Faut-il pour autant verser son venin sur le peuple mauritanien ?