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mardi 30 juin 2015

Fantasmes, désinformations et lobbying

A peine quelques jours se seront passés depuis la réunion qui a ouvert la voie à la reprise des négociations entre l’Union européenne et la Mauritanie en vue d’un nouvel accord de pêche, et voilà que les rumeurs les plus folles et les informations les plus improbables sont savamment distillées par les lobbies intéressés par la conclusion de cet accord. Lancées à partir de Vigo et de Las Palmas, les rumeurs prennent l’ampleur d’informations avérées et sont facilement reprises par les médias.
La semaine dernière, une réunion technique a regroupé négociateurs mauritaniens et européens à Bruxelles. La réunion qui a pris juste une journée a permis de fixer la reprise des négociations début juillet (vers le 7) à Nouakchott. L’évaluation technique de l’état d’avancement des dossiers litigieux a permis de mieux appréhender l’avenir de ces négociations.
Comme nous vous le disions (posting de mardi dernier), la question de l’apurement de l’enveloppe «Appui sectoriel» a été réglée. Ce contentieux qui date de janvier-février 2008, devait nécessairement trouver solution. Selon une source du ministère des pêches, le contentieux sur l’appui sectoriel ne portait plus que sur 6,5 millions euros. Il a été convenu d’utiliser cette somme dans la construction du port de Tanit qui est un projet structurant dans le secteur des pêches
Quant aux discussions, rien, absolument rien n’a concerné une quelconque «concession» de la Mauritanie, selon les négociateurs qui affirment qu’il n’a surtout pas été question ni de la pêche céphalopodière, ni de la remise en cause des fondamentaux de l’accord précédent (2012-2014).
La partie mauritanienne considère que les céphalopodes et la sardinelle sont les seuls produits qui peuvent être pêchés par les artisanaux mauritaniens. Le souci est bien de les réserver aux opérateurs nationaux. D’ailleurs, la décision prise il y a environ trois ans a été comparée à la nationalisation des mises de fer en 1974, tellement sa portée économique et sociale était grande. Jamais les Mauritaniens n’accepteront de discuter ce choix patriotique historique. Quid des dérogations au profit d’opérateurs espagnols ?
Les armateurs espagnols sont habitués à lancer des informations aussi farfelues que celle annonçant l’autorisation de pêcher pour des céphalopodiers espagnols dans les eaux mauritaniennes, ou encore la suspension de l’obligation de débarquement dans les ports mauritaniens en contrepartie de la construction d’un port spécial et l’autorisation pour eux de débarquer le pélagique à Las Palmas en attendant.
Une manière de faire pression pour influer sur les négociations et d’empêcher la conclusion d’un accord équitable. Une fois encore, les armateurs espagnols mêlent fantasmes, rumeurs et désinformations pour influer sur le processus de négociation. Tout indique cependant qu’ils échoueront comme par le passé, chacune des parties, Union européenne et Mauritanie, sachant ce qu’elle tire comme profits de cette coopération qui doit nécessairement instituer un commerce équitable et respectueux des impératifs du renouvellement de la ressource.
Jusque-là, la Mauritanie et l’Union Européenne ont travaillé ensemble. Ce qui a permis la conclusion du dernier accord de partenariat dont les résultats sont évidents pour les deux parties. Et ce sont les Espagnols qui y gagnent le plus, eux qui profitent de l’accord au titre de quatre autres pêcheries qui ne sont pas les céphalopodes. On peut même aller jusqu’à rappeler ici que si Tenerife n’est pas Lampedusa aujourd’hui, c’est bien parce que quelque part la Mauritanie a efficacement combattu la migration clandestine. Cela a son prix aussi.