Pages

lundi 22 juin 2015

Bac, la prolongation

Pour la première fois de l’histoire du pays, une épreuve d’un examen est reprise pour cause de fuite. Jamais Autorité n’a reconnu une telle défaillance. Même pas en 2000 quand toutes les épreuves ont été fuitées par un groupe de professeurs dont certains étaient impliqués dans la préparation des examens et d’autres dans leur déroulement. Encore moins en juin 2008, quand les malversations ont atteint un seuil avéré de pratiques frauduleuses. Chaque fois, on a consommé la chose avant de la caser dans la rubrique pertes et profits. Cette fois au moins, la décision a été prise et rapidement.
Mais il faut aller plus loin pour poser les vrais problématiques du baccalauréat et de l’enseignement en général. La question demande une profonde réflexion en vue d’une réforme totale du baccalauréat. Cette réforme ne peut pas attendre la mise en œuvre de la grande transformation du système éducatif promise et attendue. Elle doit servir à brusquer les choses, à créer un électrochoc pour que le corps bouge au plus vite…
L’opinion publique est quelque peu désemparée par ce qui s’est passé. D’une part, une grosse fuite comme celle-là et autour de laquelle mille constructions ont été faites. D’une part, tous ceux qui voulaient en faire un scandale pour lequel l’appareil politique et administratif devait payer, devenant un argument de plus au sein des détracteurs du régime pour prouver la pourriture ambiante.
D’autre part, ceux qui ont voulu y voir une tentative de déstabilisation bien orchestrée par des milieux de l’opposition. On a beaucoup péroré sur le gosse qui a refusé de faire l’examen sous prétexte de dénoncer la fuite et qui a été célébré par certains médias bien marqués. Les mauvaises langues sont vite allées en besogne pour dire qu’il s’agissait là d’un coup monté.
Maintenant qu’il ne s’agit ni de l’une ni de l’autre des éventualités, ceux qui ont l’habitude de se scandaliser (ou de le feindre) pour un rien, crient encore plus fort. La banalité de l’affaire – un enfant qui dérobe à son père un flash et qui en fait profiter ses copains – désarme l’ensemble des p(é)cheurs en eau trouble.
Les histoires les plus banales sont celles qui causent en général le plus de désarroi. Surtout pour une opinion publique qui se nourrit de rumeurs.