Pour
la première fois de l’histoire du pays, une épreuve d’un examen est reprise
pour cause de fuite. Jamais Autorité n’a reconnu une telle défaillance. Même
pas en 2000 quand toutes les épreuves ont été fuitées par un groupe de
professeurs dont certains étaient impliqués dans la préparation des examens et
d’autres dans leur déroulement. Encore moins en juin 2008, quand les
malversations ont atteint un seuil avéré de pratiques frauduleuses. Chaque
fois, on a consommé la chose avant de la caser dans la rubrique pertes
et profits. Cette fois au moins, la décision a été prise et rapidement.
Mais
il faut aller plus loin pour poser les vrais problématiques du baccalauréat et
de l’enseignement en général. La question demande une profonde réflexion en vue
d’une réforme totale du baccalauréat. Cette réforme ne peut pas attendre la
mise en œuvre de la grande transformation du système éducatif promise et
attendue. Elle doit servir à brusquer les choses, à créer un électrochoc pour
que le corps bouge au plus vite…
L’opinion
publique est quelque peu désemparée par ce qui s’est passé. D’une part, une
grosse fuite comme celle-là et autour de laquelle mille constructions ont été
faites. D’une part, tous ceux qui voulaient en faire un scandale pour lequel
l’appareil politique et administratif devait payer, devenant un argument de
plus au sein des détracteurs du régime pour prouver la pourriture ambiante.
D’autre
part, ceux qui ont voulu y voir une tentative de déstabilisation bien
orchestrée par des milieux de l’opposition. On a beaucoup péroré sur le gosse
qui a refusé de faire l’examen sous prétexte de dénoncer la fuite et qui a été célébré
par certains médias bien marqués. Les mauvaises langues sont vite allées en
besogne pour dire qu’il s’agissait là d’un coup monté.
Maintenant
qu’il ne s’agit ni de l’une ni de l’autre des éventualités, ceux qui ont l’habitude
de se scandaliser (ou de le feindre) pour un rien, crient encore plus fort. La banalité
de l’affaire – un enfant qui dérobe à son père un flash et qui en fait profiter
ses copains – désarme l’ensemble des p(é)cheurs en eau trouble.
Les histoires les plus banales sont celles qui causent
en général le plus de désarroi. Surtout pour une opinion publique qui se
nourrit de rumeurs.