La
journée internationale du réfugié est l’occasion de revenir sur la situation de
millions de personnes, près de 60 millions entre déplacés et réfugiés en 2014
selon les données du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR). Les guerres, les
crises climatiques, le marasme de l’économie mondialisée avec la destruction
des circuits et modes de production traditionnels… sont autant de facteurs
déstabilisateurs de communautés humaines entières et qui mettent sur les routes
des millions de personnes qui devront alors être pris en charge par la
communauté internationale.
Aujourd’hui,
le drame des migrants échouant aux portes de l’Europe cache toute la misère que
vivent les réfugiés dans des camps de fortune aux frontières de nulle part. Des
femmes, des enfants, des hommes fuyant les théâtres de guerre en Syrie, en
Palestine, en Afghanistan, en Irak et récemment au Yémen, pour ne parler que de
cette maudite région du Moyen-Orient.
Des
milliers de morts dans les eaux de la Méditerranée. On ne compte pas ceux
disparus dans les déserts, en cours de route, alors qu’ils tentaient
d’atteindre la rive Sud pour traverser cette Mer.
Ce
n’est pas la peine de revenir sur les raisons de ces départs massifs. On parle
de réfugiés économiques quand les migrants fuient la pauvreté, l’absence de
nourriture et de travail ; de réfugiés politiques quand ils fuient des
régimes répressifs ou des situations politiques instables ou encore des
guerres ; de réfugiés climatiques quand c’est la sécheresse qui les fait fuir…
Toutes ces catégories se retrouvent parmi ceux qui meurent en se heurtant aux
remparts dressés par l’Europe. Mais pourquoi cette recrudescence subite du
phénomène ?
La
politique européenne – occidentale en général – dans les pays du Sud est l’une
des causes principales de ce dérèglement du Monde. Les déferlements à
partir des côtes libyennes est l’une des conséquences malheureuses de
l’interventionnisme occidental. Quand Nicolas Sarkozy a mené sa guerre
entrainant avec lui ses alliés de l’OTAN, le résultat ne pouvait être que celui-là :
à la place d’un pseudo-Etat, le chaos a régné. La Libye est alors devenu le
pays par lequel arrivent toutes les hordes de désespérés fuyant leurs terroirs
pour des eldorados fictifs. Conséquences : - pour l’Europe, la remise en
cause de tous les accords qui fondaient son Union (Schengen,
libre-circulation…) ; - pour les fuyards, le risque de mourir en
masse ; -pour les populations des côtes méditerranéennes européennes, l’invasion
et le spectacle quotidien de la misère et de la désolation…
Deux
rappels. Le premier concerne les côtes atlantiques qui ne sont plus le théâtre
de départs de masse grâce justement à des politiques sérieuses menées par des
gouvernements qui ont pu – et su – stabiliser leurs Etats. Il y a lieu ici de
mettre en exergue l’expérience de notre pays dont les côtes n’ont pas été le
point de départ de migrants en masse depuis quelques années. Cette
tranquillité, l’Europe doit l’apprécier à sa juste valeur. Les Etats européens
savent que la déstabilisation du Sénégal, de la Mauritanie et des autres pays
côtiers aura de lourdes conséquences pour eux en matière de flux migratoires
incontrôlables.
Le deuxième rappel est celui des boat-peoples du
milieu des années soixante-dix. Quand l’Asie, en période d’instabilité
cyclique, avait lâché des hordes de réfugiés à bord d’embarcations de fortune
et qu’en Occident, cela avait ému. Si bien que les intellectuels, les artistes,
les militants politiques ont lancé des initiatives de solidarité avec ces
migrants contraignant leurs gouvernements à ouvrir leurs frontières à ces
milliers de désespérés. Le même élan de solidarité, la même morale de partage
ne sont plus de mise ou faut-il croire que parce qu’il s’agit d’Africains (pour
l’essentiel) cela ne mérite pas tant ?