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samedi 20 juin 2015

Immigrés, contre les remparts de l’Europe

La journée internationale du réfugié est l’occasion de revenir sur la situation de millions de personnes, près de 60 millions entre déplacés et réfugiés en 2014 selon les données du Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR). Les guerres, les crises climatiques, le marasme de l’économie mondialisée avec la destruction des circuits et modes de production traditionnels… sont autant de facteurs déstabilisateurs de communautés humaines entières et qui mettent sur les routes des millions de personnes qui devront alors être pris en charge par la communauté internationale.
Aujourd’hui, le drame des migrants échouant aux portes de l’Europe cache toute la misère que vivent les réfugiés dans des camps de fortune aux frontières de nulle part. Des femmes, des enfants, des hommes fuyant les théâtres de guerre en Syrie, en Palestine, en Afghanistan, en Irak et récemment au Yémen, pour ne parler que de cette maudite région du Moyen-Orient.
Des milliers de morts dans les eaux de la Méditerranée. On ne compte pas ceux disparus dans les déserts, en cours de route, alors qu’ils tentaient d’atteindre la rive Sud pour traverser cette Mer.
Ce n’est pas la peine de revenir sur les raisons de ces départs massifs. On parle de réfugiés économiques quand les migrants fuient la pauvreté, l’absence de nourriture et de travail ; de réfugiés politiques quand ils fuient des régimes répressifs ou des situations politiques instables ou encore des guerres ; de réfugiés climatiques quand c’est la sécheresse qui les fait fuir… Toutes ces catégories se retrouvent parmi ceux qui meurent en se heurtant aux remparts dressés par l’Europe. Mais pourquoi cette recrudescence subite du phénomène ?
La politique européenne – occidentale en général – dans les pays du Sud est l’une des causes principales de ce dérèglement du Monde. Les déferlements à partir des côtes libyennes est l’une des conséquences malheureuses de l’interventionnisme occidental. Quand Nicolas Sarkozy a mené sa guerre entrainant avec lui ses alliés de l’OTAN, le résultat ne pouvait être que celui-là : à la place d’un pseudo-Etat, le chaos a régné. La Libye est alors devenu le pays par lequel arrivent toutes les hordes de désespérés fuyant leurs terroirs pour des eldorados fictifs. Conséquences : - pour l’Europe, la remise en cause de tous les accords qui fondaient son Union (Schengen, libre-circulation…) ; - pour les fuyards, le risque de mourir en masse ; -pour les populations des côtes méditerranéennes européennes, l’invasion et le spectacle quotidien de la misère et de la désolation… 
Deux rappels. Le premier concerne les côtes atlantiques qui ne sont plus le théâtre de départs de masse grâce justement à des politiques sérieuses menées par des gouvernements qui ont pu – et su – stabiliser leurs Etats. Il y a lieu ici de mettre en exergue l’expérience de notre pays dont les côtes n’ont pas été le point de départ de migrants en masse depuis quelques années. Cette tranquillité, l’Europe doit l’apprécier à sa juste valeur. Les Etats européens savent que la déstabilisation du Sénégal, de la Mauritanie et des autres pays côtiers aura de lourdes conséquences pour eux en matière de flux migratoires incontrôlables.
Le deuxième rappel est celui des boat-peoples du milieu des années soixante-dix. Quand l’Asie, en période d’instabilité cyclique, avait lâché des hordes de réfugiés à bord d’embarcations de fortune et qu’en Occident, cela avait ému. Si bien que les intellectuels, les artistes, les militants politiques ont lancé des initiatives de solidarité avec ces migrants contraignant leurs gouvernements à ouvrir leurs frontières à ces milliers de désespérés. Le même élan de solidarité, la même morale de partage ne sont plus de mise ou faut-il croire que parce qu’il s’agit d’Africains (pour l’essentiel) cela ne mérite pas tant ?