Quand
le ministre des relations avec le Parlement et la société civile a reçu
quelques représentants des organisations de la presse, la discussion est
fatalement arrivée aux appréciations personnelles de son Excellence sur les
prestations de Ahmed Ould Cheikh du Calame et sur la mienne lors d’un débat sur
la situation de la presse animé par Ahmed Ould Elbou d’Al Wataniya. Forcément,
il en retenait seulement ce qui a été dit sur l’aide à la presse.
Je
n’évoquerai pas «la manière trarzézienne» qui aurait été utilisée par
Ahmed selon le ministre qui avoue avoir très mal pris les termes du directeur
du Calame qui, après avoir critiqué les critères de définition des quotas, a
rappelé que son journal, parmi les plus anciens et les plus ancrés, s’est
retrouvé dans la sélection derrière des titres qui n’ont aucune existence
réelle. Et, sarcastique, il a ajouté : «ekheyr minhum, je n’ai pas
refusé le peu qu’ils nous ont octroyé». C’est ce «ekheyr minhum» qui
aurait amené le ministre à parler d’une façon typiquement du Trarza (de
dire les choses ?)…
Le
ministre aurait dit ensuite : «Quant à Ould Oumeir, il a dit qu’il a
dédaigné l’aide, pourtant, il a fait des pressions énormes pour que son dossier
soit traité après la fin des travaux de la commission. Mon conseiller Ahmed
Ould Moustapha m’a relancé plusieurs fois pour m’amener à accepter de laisser
passer son dossier et j’ai finalement accepté. Maintenant je crois que Ould
Oumeir veut raviver une vieille guerre entre lui et moi…»
Quelques
précisions. Je n’ai jamais dit et surtout pas au cours du débat en question que
je dédaignais le dépôt du dossier de La Tribune. Parce que tout
simplement, à la manière des gens du Trarza, j’ai évacué rapidement la
question en disant expressément que «La Tribune n’a pas profité de l’aide
mais c’était ma faute». Et comme l’animateur connait les bonnes manières et
comme il sait qu’il n’y avait rien à ajouter, il n’a pas insisté pour savoir en
quoi «c’était ma faute».
Donc
le ministre n’a jamais entendu les propos qu’il me prête parce qu’ils n’ont
jamais été dits. Quand j’ai appelé mon frère et ami, le journaliste Ahmed Ould
Moustapha, c’était pour lui expliquer la raison objective de notre exclusion.
Il
y a quelques mois, on nous avait demandé de déposer un dossier pour l’aide à la
presse. C’est une formalité que nous remplissons depuis l’année dernière sans
attention particulière. En général, tout ce qui s’y rapporte de papiers sont
confectionnés rapidement et en dehors de toute légalité. C’est justement ce qui
permet à des journaux peu connus, parfois sans existence réelle (siège,
employés, lecteurs…) de profiter plus que d’autres qui sont connus du large
public. Personnellement, ma culture m’interdit de trop insister sur les aspects
monnaie et reste. Personne ne peut dire qu’il m’a entendu protester ou
dénoncer ce que certains considèrent comme injustice dans la distribution de
l’aide à la presse. Je crois qu’il est suffisant de dire que «La Tribune
n’en bénéficie pas» pour que lecteurs, auditeurs et téléspectateurs s’en
rendent compte, la liste des bénéficiaires étant publique.
L’absence
de La Tribune est simplement due à une erreur de casting : on avait déposé
un dossier en mai 2014 que nous croyions être celui de l’aide. Personne parmi
nos amis et confrères qui nous avaient pourtant embarqués dans une bataille
autour de la confection de la commission, personne n’a attiré notre attention
là-dessus et tous savaient pourtant.
Au
moment de la publication de la décision, un membre de la Commission m’a contacté
pour me dire que «les membres de la commission ont très mal pris votre refus
de déposer un dossier. Ils y perçoivent une sorte de mépris…» Il se trouve
que la commission est présidée par un ancien ministre de la communication qui
avait, malgré sa jeunesse, marqué positivement de son passage ceux qui
travaillaient dans le champ, moi particulièrement. Elle comprenait aussi, des
gens comme Ahmed Ould Moustapha et Imam Cheikh, pour lesquels j’avais – j’ai
toujours – un grand respect. Et c’est bien pour cela que j’ai appelé Ahmed et
c’est bien lui qui a trouvé qu’il serait «injuste de ne pas faire profiter
La Tribune au moins de la subvention de l’impression». Fidèle à son sens de
la mesure et de l’équité, le président de la commission m’a appelé ensuite pour
me dire qu’il a fait le nécessaire pour que La Tribune profite au moins de la
réduction de l’impression. Je suis sûr que les conseils pressants
d’Ahmed Ould Moustapha ont joué, mais auprès de la seule autorité à même d’en
décider : la commission chargée de l’aide publique à la presse, pas le
ministère des relations avec le Parlement qui n’a aucune compétence en la
matière.
Quant
à un probable contentieux qui m’a opposé dans le passé au sieur Izidbih Ould
Mohamed Mahmoud, je n’ai jamais été au courant de cela. Aucun échange
épistolaire entre nous, aucune polémique verbale, aucun affrontement ni public
ni privé. J’appartiens effectivement à une culture qui m’apprend à laisser
passer le flot de paroles sans essayer de leur accorder plus d’importance qu’il
ne sied, à ne jamais traiter ni discuter avec passion… j’ai appris dans ma vie
à discuter les idées, pour échanger, pour savoir de l’autre, pour essayer de
lui donner, de lui prendre et d’arriver finalement à une convergence sinon à un
compromis où chacun a défini son rapport à l’autre, avec respect, sans
prétention. Je ne vois pas donc à quel niveau peut se situer le point de
discorde avec le frère Izidbih Ould Mohamed Mahmoud. S’il n’avait pas été
ministre de la République aujourd’hui, ses propos n’auraient en aucun cas
retenu mon attention pour susciter chez moi un quelconque émoi.
Seulement,
l’homme est aux affaires publiques et il s’adressait à un parterre de
journalistes. Il y a un aspect de ses propos qui méritait les précisions
apportées. C’est fait.